Bien avant la venue de Morzl, il existait en Dragostina une petite école de magie perdue dans une de ses forêts profondes. Ses Maîtres vivaient tellement reclus dans la clairière qui abritait l’école que seul les habitants des communautés bordant la dite forêt avait connaissance de ces gens. La renommée ne leur importait guère, ils ne travaillaient qu’à améliorer leur art, une magie qu’ils se croyaient seuls à connaître. Elle utilisait la puissance de leur esprit intérieur, le Kënn’jih. Leur magie provenait des forces contraires, les opposés. Et chaque Maître avait une prédisposition pour une paire d’opposés. Cela pouvait être la terre ferme et la mer, le jour et les ténèbres, le froid et le chaud, … À part le Grand Maître qui tirait sa force de son seul Kënn’jih qu’il maîtrisait assez pour se passer d’opposés.
Pour faire perdurer la tradition de leur magie, tous les dix ans ils acceptaient trois élèves. Parfois quand un Seigneur de terres proches avait entendu parlé de l’école, il demandait à ce qu’on y élève son fils, sinon les Maîtres proposaient aux villageois proches de leur confier leur fils, en échange de quoi il serait nourri et logé pour les dix ans à venir. Mais la plupart de ces fils ne revenaient jamais, envoûtés qu’ils étaient par la magie qu’ils avaient appris à utiliser en dix ans. Ils restaient encore cinq années en tant qu’élève supérieur ce qui les exemptait des tâches ménagères et les obligeait à devenir le tuteur d’un des nouveaux apprentis. Après ces cinq années, ils accédaient, après l’approbation des autres Maîtres, à leur tour à ce statut.
Un jour, lorsque les Maîtres firent annoncer qu’il était venu le temps de prendre trois nouveaux apprentis dans les villages proches, on leur apporta un orphelin qui avait été recueilli par un marchand lors d’un de ses voyages dans le nord pour acheter des fourrures. Il avait des cheveux d’un blond sale et quelques tresses grossières mettaient un peu d’ordre dans sa tignasse. Il avait aussi une bonne tête de plus que les enfants ayant à peu près son âge c'est-à-dire une dizaine d’année car après il serait trop tard pour se former, à peu près car le pauvre n’avait aucune idée de sa date de naissance et encore moins de quel lignage il était.
L’enfant fit ses dix années d’instructions en se montrant attentif et travailleur sans toutefois être exceptionnel. Par contre les Maîtres de comprenaient pas comment il se faisait qu’il n’ait pas encore découvert quels opposés faisaient la force de sa magie. Ils l’avaient fait travailler dans les situations où diverses forces s’opposaient, au crépuscule et à l’aube, au froid à côté d’un feu, sur les rives d’un ruisseau proche, … Rien, il ne semblait pas posséder d’opposés.