Une nouvelle ère

La fin des amazones ?

En la centième année du calendrier dragostinien, des songes étranges assaillirent les amazones. L'appel à la croisade sur les anciennes terres par Sophlyne, alors régente d'Hyperborea, ne fut qu'une cristallisation de ces rêves et des prophéties anciennes. En ce sens, la dame rouge n'est pas à blâmer. C'est bel et bien nos anciens tyrans qui nous retrouvèrent à travers le temps et l'océan.
Alors que je tentais de recréer une civilisation neuve en Dragostina en mêlant culture ancienne et nouveaux préceptes de sagesse, alors que je dissimulais volontairement le passé aux nouvelles générations, c'est le poids même de ignorance qui provoqua la chute des amazones. Le passé vous retrouve toujours, même si vous ignorez celui-ci.

Ce qu'il est advenu de la croisade amazone, je l'ignore. Les navires sont partis sur le grand océan occidental, ce sont les dernières choses que je sais.
Il est dur de comprendre vers quoi Sophlyne et celles qui la suivirent sont allées, et le souvenir m'est trop douloureux pour que je l'explique ici. Mais en fin de compte, chacune de celles qui partirent le fit par sa volonté, en amazone libre. Même si beaucoup ne comprenaient - et n'auraient pas pu comprendre - l'enjeu de cette expédition.
Peut-être arriveront-elles au bout de leur quête en fin de compte. Mais contre des tyrans immortels toute victoire est provisoire. Un jour ou un siècle après, le poids de la tyrannie et de la ruine se fera sentir à nouveau.

Pour autant, mon travail ne fut pas entièrement vain. Touchés par la sagesse de Celerna-Ilonë, certaines eurent la volonté de résister. En réalité, de nombreuses amazones sont restées en Dragostina, bien qu'exilées en une vaste diaspora.
Aujourd'hui, la plupart vivent paisiblement dans des royaumes pacifiques. D'autres ont mis à profit leur culture guerrière pour vivre de leur armes. Mais toutes se souviennent de leur passé, cette fois... Et beaucoup reviennent progressivement en Hyperborea...

Déchéance

L'échec de la nation amazone est avant tout le mien. Il serait absurde de dénier ceci. D'une manière ou d'une autre, j'ai décidé des grandes orientations de l'Hyperborea depuis notre arrivée sur le continent. Par aveuglement, j'ai cru bon de dissimuler à mon peuple les vérités qui auraient pu le détruire. Mais finalement, il s'avère que rien de bon ne peut suivre l'ignorance...

Les leçons ne seront pas oubliées.

Dans le passé, la nation amazone eut à affronter plusieurs grandes menaces. Quand la situation fut critique, je me résignais à réveiller le grand pouvoir des Vakeros, nos ancêtres maudits.
Celui-ci me permit de sauver notre nation, temporairement. Mais en vainquant nos ennemis de Dragostina, j'attirais sur nous les yeux d'autres, plus anciens et plus puissants encore que la Flamme Bleue, le Culte de Tharshika ou l'Eveil des autres.

Je suis désormais Elyria, dernière descendante des Vakeros et détentrice de leur pouvoir maudit. Par le toucher de la Pierre de Lune, je suis désormais hors des attaques du temps et récipiendaire de la volonté et de la force mentale de notre dernière grande prophète...

Tout pouvoir a un prix.

Le mien fut la destruction de tout ce en quoi je croyais.

L'avenir de l'Hyperborea

L'erreur est le creuset de la perfection.

Après le grand exil amazone, l'Hyperborea fut rendu à la nature. Les arbres et la mousse envahirent les rares constructions de pierres et les clairières autant que les pistes disparurent.

Mais au coeur de la grande forêt, le grand Scriptorium demeure. Symbole de la civilisation passée, il sera aussi celui de celle future.
Voilà de nombreux mois déjà que je travaille à la renaissance de l'Hyperborea. Une nouvelle nation pleinement gouvernée par les préceptes de sagesse que j'ai appris en Dragostina. Une nation grande par ses idéaux.

Chaque jour, des réfugiés, des voyageurs arrivent de toutes contrées à Sylvapolis, guidés par ce qu'ils appellent Destin, Providence, Prophéties... De ce métissage naîtra la nouvelle Hyperborea, bâtie sur le poids terrible des connaissances et de l'expérience de ces exilés qui n'en sont plus.

J'y veillerais.
Et je n'échouerais plus.