les Terres de Mayandallëh aux portes du Temple

En Terres de Mayandallëh

L’invitation avait été bien reçue en Mayandallëh. Si l’égérie était flattée de telle sollicitation, elle n’en était pas moins intimidée. Les Shinays et Mokis n’avaient certes pas besoin de son aide, et elle ne pouvait qu’en être ravie, même si le plaisir de pouvoir les aider aurait été tout naturel. Lorsque la dernière missive de Lauralis d’Hyperborea avait acheminé jusqu’entre les mains de l’égérie, elle ne perdit point de temps pour en connaître le contenu. Elle ne pouvait qu’accepter l’invitation…

Quittant son cabanon, elle se dirigea vers Aïos, son fidèle centaure, protecteur tel un père, réconfortant tel une mère, mais aussi ami, confident. Il avait trouvé ombre sous un arbre, à l’arrière du cabanon, pour prendre quelques heures de sommeil. Ses derniers jours avaient été difficile, plus que jamais les blessés mourants ou non, affluaient en Terres de Mayandallëh. Les récents conflits opposant une démone et une assemblée causaient bien des tracas à Astewlnöm. Trop de morts avaient été dénombrées, et bien trop de mourants qu’elle n’avait pu sauver.

"Aïos, je vais devoir m’absenter quelques jours.
Sauras-tu prendre soin de tout notre petit monde ?"

Aïos, les yeux toujours fermés, grogna, signe de son contentement. Il n’était pour sûr guère bavard, mais savait toujours se faire comprendre.

"J’ai préparé quelques onguents, décoctions pour le temps de mon abscence. Je reviendrais très vite, je sais d’ores et déjà que ce que je t’ai préparé suffira amplement…"

S’agenouillant aux côtés du centaure, elle plaça ses bras, de part en part autour du cou de celui-ci. Elle lui gratifia la joue d’un baiser, tout en le serrant bien fort. L’étreinte ne dura guère que quelques secondes. Elle se releva aussitôt, et retourna au cabanon, prendre sa besace. La route allait être longue. Et si d’aventure, le chemin jusq’au temple de Celerna-Ilonë se déroulait sans encombre, peut être aurait elle la joie, de faire un petit détour par le lac de Chantramöi, pour y récolter quelques uns de ces nénuphars, si rare à trouver.

Alors même qu’elle s’en retournait au cabanon, le centaure murmura :

"Prend soin de toi.
Ne te détourne pas du sentier, et prend ton arc, même si cela te reboute…
Il faut être prudent !"

La dernière phrase du centaure s’abstenait de réponse. L’égérie pénétra dans le cabanon, saisit son arc, pour satisfaire les doléances du centaure, chargea son épaule droit de la besace, et prit la route.

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Aux portes du Temple de Celerna-Ilonë

La route avait été propice à ses cueillettes, et sa besace était pleine d’ingrédients divers. Les nénuphars du lac de Chantramöi n’avaient malheureusement pas été aussi nombreux qu’elle l’escomptait, mais au détour d’une forêt, elle avait eu la chance de cueillir quelques poires, aux divins nectars, et donc les graines enfermaient nombreuses vertues. La besace pleine, une fatigue lancinante dans les jambes, elle se présenta aux portes du temple, Sa tenue était froissée par la marche, et des mèches de cheveux lui couvraient les yeux.

Aëlthiren décida de sortir s'aérer. Il venait de passer plusieurs heures dans les salles sombres de la bibliothèque et les odeurs de poussière l'incommodaient. Il prit le chemin du cours d'eau le plus proche pour se ressourcer dans l'onde cristalline.
Après une baignade vivifiante, il se dirigea vers l'entrée principale du Temple, la plus proche de son lieu de détente. Ce faisant il inspirait à plein poumons les effluves odorants des fleurs écloses, laissant le vent et le soleil sécher ses cheveux. L'astre du jour dardait des rayons chaleureux et doux, point encore trop aggressifs à sa peau de Nagga.

Se rapprochant du Temple, il distingua une forme humaine.
Encore un visiteur? Décidément nous sommes très sollicités ces derniers temps...Enfin un peu d'animation n'est pas pour me déplaire !
Plus il s'approchait, plus la forme devenait distincte et plus son impression troublante de déjà-vu l'envahissait. Cette silhouette....
Il parvint enfin à la hauteur du nouveau venu pour constater qu'il s'agissait en fait d'une nouvelle venue !
Des mèches rousses indisciplinées bataillaient sur son visage sur lequel on lisait une grande fatigue. Ses vêtements étaient froissés, et à ses pieds gisait une besace rebondie et probablement lourde. Un arc imposant était accroché en travers de son dos, mais cet aspect guerrier était démenti par la robe qui était un habit typiquement druidique.
C'était donc un Druide?
Et ce visage ..... fermant les yeux, il se concentra.
Oui il l'avait déjà vu, mais pas de ses propres yeux! Sa soeur Aëlendith avait du la rencontrer, cette femme, peut-être en Akisroc?
Et leurs liens de jumeaux l'avaient ammené à reconnaître cette jeune femme qu'il n'avait jamais rencontrée avant!

S'approchant de celle qui était occupée à regarder la bâtisse imposante qui lui faisait face, il lui dit :

- Bonjour ma Dame . Je vois que vous avez fait un long voyage, souhaitez-vous entrer avec moi dans notre Temple afin de prendre une collation et un peu de repos ?
Je me nomme Aëlthiren et -ajouta-t-il avec un sourire espiègle- je gage que je ne suis point le premier Nagga que vous rencontrez!

Puis-je vous être d'une quelconque utilité en portant votre besace et votre arme ?

La regardant gentiment, il se pencha pour attraper délicatement la sacoche et attendit de voir si elle souhaitait qu'il porte aussi son arme.

Peut-être même est-elle trop fatiguée pour parler? En ce cas je dois tout faire pour lui épargner de la fatigue supplémentaire.
Lui désignant le chemin, il l'invita à sa suite.

- Si vous voulez bien me suivre, vous pourrez trouver du repos et de quoi vous restaurer en nos murs. Je dois rejoindre une autre invitée, là-bas sous les arbres, peut-être souhaiterez-vous vous installer avec nous et profiter de l'air pur ?
Sinon je vous propose d'entrer dans le Temple, où nous pourrons vous servir un repas complet et vous donner une chambre.

Il se mit en marche le long du chemin, suivi par la jeune femme. Il la guida vers les arbres, sous lesquels on aperçut bientôt deux femmes en train de parler. Il s'agissait de Rosalya la servante et Shaelia la voyageuse, assises toutes deux autour d'un plateau sur lequel tronait une théière, et des tasses. Des petits biscuits agrémentaient le tout.

- Mesdames, me revoilà, dit-il en saluant.

Rosalya se leva et partit vers le temple ramener des tasses et plus de nourriture.
Il fit signe à la nouvelle venue de prendre place, et présenta Shaelia, laissant à la druidesse le soin de se nommer.