Histoire

- Chapitre 1 – Swiehl -

Swiehl était un grand gaillard, fort et benêt. Pour beaucoup, ils tenaient ses cheveux roux de lointains parents nordiques. Pour d’autres, il tenait son nez en forme de trompette, d’un aïeul nain. Personne n’aurait su dire si son air benêt était d’origine gargouillesque. Mais beaucoup enviaient sa force et sa vigueur. Il était alors âgé d’une bonne vingtaine d’années bien tassées. D’un pas tantôt décidé, tantôt hésitant, il allait par monts et par vaux, de campagnes en cités, chanter les exploits d’ancêtres aussi mystérieux que ces origines. C’est ainsi, qu’un beau matin du mois de Gryldisa d’une année déjà fort lointaine, il pénétra dans une forêt profonde et dense. Sans peur, et sans reproches d’ordre aucun, il assura un pas rythmé. Il ne lui fallut pas moins d’une bonne demi-douzaine d’heure pour arriver au terme de cette épaisse verdure : des odeurs alléchantes le guidèrent à mesure de son avancée, et son tarin au sens bien plus aiguisé que l’on ne pouvait soupçonner, le menèrent à une petite cabane, toute de bois faite. Là, juste derrière l’étroite porte, se tenait un chaudron fumant au nectar suave et salé. La gourmandise faisant partie des défauts de Swiehl. Ainsi, son pas assuré le mena jusque derrière la porte, sans même prendre garde à qui pouvait occuper la petite cabane. Il se pencha sur le chaudron, et emplit ses narines du divin fumet qui s’échappait de la soupe : une belle soupe, fait de divers légumes trouvés dans la forêt. Son appétit était grandissante, et l’odeur de cette soupe l’alléchait. Il saisit de la main gauche la louche qui se noyait dans la soupe et commença doucement à la remuer. Son fumet se fit plus prononcé. Swiehl n’aurait su dire de quels légumes étaient fait la soupe. Il porta donc, avec toute son insouciance, la soupe jusqu’à sa bouche, et profita du goût de celle-ci. Petit à petit, il vida le chaudron. Alors qu’il ne resta plus qu’une dernière gorgée de cette divine soupe dans le fond du chaudron, il posa sa main sur son ventre, et apprécia de l’avoir enfin rempli. Voilà bien de longues années qu’il n’avait pas mangé ainsi à sa faim, et qu’il n’était pas parvenu à remplir cette panse bien trop grande pour ces maigres moyen de troubadours.

Le fond de la cabane était bien austère. Il y avait en tout et pour tout, une cheminée de fortune au centre de la pièce, là où reposait le dit chaudron à présent vide, ainsi qu’un petit lit, tout de fer réalisé, surplombé par un matelas rempli de paille. La digestion de la soupe se révéla difficile, et il se perdit dans une sieste sur ce matelas improvisé de paille.

- Chapitre 2 – Le Chaudron -

Plusieurs heures passèrent ainsi. Le troubadour benêt et endormi s’était lové sur le matelas, rattrapant une bonne année de sommeil. Les mauvaises langues diront que la soupe contenait on ne sait quelle sombre magie endormant profondément celui qui s’en abreuvait. Il est un vieux conte humain, dans lequel un baiser réveille les endormis de leur long sommeil. Ce n’est point un baiser qui réveilla Swiehl, après non pas quelques heures de doux rêves, mais après trois longues journées. Une voix étrange, comme venue du fond du chaudron s’était fait entendre : un drôle d’écho, une drôle de résonance… Les mots n’en étaient pas moins inaudibles. La langue à laquelle ils appartenaient étaient aussi ancienne que le chaudron, bien plus ancienne que la cabane de bois. Alors que le troubadour ouvrait doucement ses mirettes, s’extirpant de sa torpeur, il ne saisit pas le sens des paroles prononcées, il n’en compris également pas la provenance. Se croyant encore dans les bras de la déesse des songes, qu’il se plaît à nommer Anthu, il ne prit pas peur devant les faits étranges qui prenaient formes autour de lui. Bien au contraire, son rire de benêt s’accentua sur son visage, et il entreprit de se mettre assis sur la paillasse.
Rien ne se passa. Sa tête avait beau se relever de ce qui semblait être un vétuste oreiller, mais le tronc, quant à lui, ne suivait pas le mouvement de la nuque. Le sourire toujours fixé aux lèvres, il tenta à plusieurs reprise de relever le tronc, de bouger ses membres inférieurs, ou encore d'animer son corps... Toutes tentatives fût vaines. Le troubadour restait comme coulé à la paillasse.

La voix du chaudron s'accentua, sans que les paroles ne prennent sens. Le son était guttural, et un léger tremblement animait le chaudron. N'importe quel premier venu aurait été terrorisé par le tournure des évènements. Mais Swiehl n'était pas n'importe quel individu justement. Son air benêt lui sauvait souvent la mise, et ce dans bien des situations saugrenues. Serait-ce ce qui le sauverait cette fois encore ?

- Chapitre 3 – Le parchemin -

Alors que tout semblait perdu, du moins momentanément, pour le troubadour, une chansonnette se fit entendre. Un timbre de voix étonnamment doux, des paroles simples... Swiehl, dans un désarroi qu'il ne réalisait pas encore, ou qu'il ne réaliserait probablement jamais, s'était mis à entonner un refrain, puis un couplet. Le chaudron tressauta d'abord de plus belle, sans pour autant interrompre l'élan chantant du troubadour, puis se calme, pour finalement s'immobiliser dans sa position centrale initial, dans l'âtre de la cheminée vétuste.
Quand le troubadour retrouva doucement l'usage de ses divers membres, il s'arrêta de chanter. Mais c'est alors que le chaudron, reprenait ses soubresauts. Alors le Swiehl repoussait doucement sa chansonnette. Le chaudron, quant à lui, se calmait à nouveau. La petite magie continua ainsi toute la journée suivante. Et le temps que la journée vienne à son termes, le chaudron se remplissait à nouveau de sa soupe. Tel un cercle sans fin, le chanteur se nourrissait, s'endormait à nouveau, pour se retrouver trois jours entier plus tard allonger sur la paillasse les membres comme figés. Là encore, il entonnait à nouveau un nouvel air.
Des mois s'écoulèrent ainsi. Le troubadour se nourrissait de la soupe, puis s'endormait, pour finalement chanter à nouveau. Tel cirque ne pouvait cependant plus continuer très longtemps. Le répertoire chantant de Swiehl arrivait à son termes, et bientôt plus aucun son ne pourrait sortir de sa bouche : le chaudron à l'oreille bien délicate et difficile n'aimait point entendre plus de deux fois le même air.

A l'aube du troisième mois, le troubadour sentait venir la difficulté entrepris des négociations pour le moins surprenante. Il entama une discussion, sans réponse avec le chaudron...

- "Je m'essouffle, et tu me coûte bien cher en salive...
Je n'aurai bientôt plus de quoi te nourrir en chanson, à mon plus grand désarroi.
Tu es mon plus grand auditoire à toit tout seul.
Pourtant, saches que toute bonne chose à une faim.
Je pense avoir largement satisfait tes désirs, en chantant maintes nuits durant, toutes les chansons que j'ai pu découvrir et apprendre à travers mes voyages de par Dragostina.
Il me faut maintenant reprendre la route...
Qu'en penses tu ?"

Le chaudron resta silencieux, ne trouvant peut être pas réponse à formuler dans un langage audible et compréhensible. L'histoire ne conte pas ce détails. Pourtant, alors que le troubadour amorçait un ultime chanson, le chaudron remua dans des soubresauts qu'il n'avait jusqu'alors jamais itéré. Surpris, le troubadour s'approcha doucement du chaudron, et trouva au fond de celui ci un étrange parchemin.

- Chapitre 4 – Le vallon -

Les traits d'encre étaient fins, et s'entrelaçaient pur former des lettres bien rondes, sans fioriture. Le parchemins était d'un blanc immaculé. Le chaudron, souvent empli de cette mystérieuse soupe, ne semblait pas avoir entaché la blancheur du papier. Le contenu de celui ci était fort étrange. Il y était question d'un vallon, inconnu des hommes, des dragoons, ou simplement des êtres vivants ou morts. Le vallon bénéficiait d'une grande clémence climatique. Il était régulièrement réchauffé par les rayons du soleil qui ne faisaient pas des terres du vallons des terres arides. Et chaque période de chaleur douce était précédé de plusieurs jours de pluie nourrissant le sol. Ainsi s'était doucement implanté, au somment de ce vallon, un jardin fort fleuris. Des denrées rares, seules connus dans ce vallon, y poussait.
Le parchemin évoquait tout cela, et bien d'autre chose. Mais ce qui interpella le troubadour était diverses traits de maintes couleurs sur une seule page toute étendue. Il identifia les taches vertes, comme étant des étendues verdoyantes. "Pourquoi pas des forêts ?" se dit'il. "Pourquoi pas CETTE forêt !" pensa t'il. Puis son regard s'attarda sur des traits tantôt fins, tantôt épais, d'une couleur étrangement marrons. "... Des chemins... Des sentiers..." refléchit'il à voix haute.

De fil en aiguille, le troubadour pas toujours benêt comprit le sens des tous ces symboles : "Une carte !!! Une carte vers ce vallon luxuriant !"
Il fixa le chaudron, qui n'était mu par plus aucune tremblement, et qui avait remplacé le vide qu'avait créé le parchemin par une épaisse soupe. "dernier repas ?" lui demanda alors Swiehl.
C'est ainsi que Swiehl, sans trop comprendre ni pourquoi, ni comment,repris la route, le parchemin dans sa chemise, contre son coeur.

- Chapitre 5 – Sept jours -

La marche s'entama tout naturellement, doucement, et ce sans encombres d'aucune sorte. Il n'y eut aucun incident, aucun fait étrange. Il n'y eut que le troubadour et son parchemin. Il ne s'arrêtait que pour s'abreuver à un ruisseau qui s'offrait à lui de temps à autres, ou pour épancher sa faim de quelques fruits pendant ça et là d'arbres généreux. Chaque crépuscule, il trouvait refuge et en profitait pour s'enrichir du contenu du parchemin.

Il découvrit ainsi au premier soir de sa marche que la terre trembla. Que le vallon se formait ainsi. Le mystère n'en était que plus épais. La narration était tel que le vallon ne semblait point exister à l'heure même où il lisait ses pages. Mais le troubadour benêt ne parvenait pas à saisir la subtilité des symboles. Beaucoup se serait esclaffés à la lecture de tout cela. Les plus érudits auraient interpréter le récit comme pure hérésie, ou simplement comme un conte pour enfant, une chimère pour faire naître espoir chez les plus démunis. Mais le troubadour avait cette naïveté d'enfant : lien de cause à effet avec son air benêt. Swiehl se perdit d'autant plus dans sa lecture.

Ainsi, au crépuscule de la seconde nuit, alors qu'il était parvenu à trouver asile à l'ombre d'un chêne, il découvrit la suite : le ciel s'ouvrait et la pluie déferlait. Ébahi, il leva les yeux au ciel, mais ne vit rien. Les yeux plissés, les sourcils froncés, il tenta de lire la suite, mais s'endormit comme un bienheureux, au creux de ce vieux chêne.

Le troisième soir, alors que la journée avait été chaude, et qu'il n'était pas parvenu à trouver coin d'ombre pour marcher plus sereinement, il s'écroula dans un pré tout vert. L'herbe n'était pas bien haute, mais quelques mouton paissaient ça ou là. Il pût goutter au lait qui lui fit généreusement offert. Il déclina par contre, l'offre de laine pour lui tenir chaud. Alors qu'il était repu, et que la nuit était déjà fort avancé, il replongea son nez dans le parchemin, consultant la direction à employé selon le plan qui lui était indiqué. Il était cependant bien inutile, puisqu'il semblait guidé par une force hautement pensante. Il entama alors la suite du récit, et comprit que ce troisième jour la pluie avait cessé, et qu'en contrebas du vallon s'était formé un lac, que le vallon quant à lui était verdoyant. D'ailleurs, les toutes premières jeunes pousses potagères commencèrent à germer. Le troubadour se gratta la tête d'incompréhension et de surprise, puisqu'il avait souffert toute la journée de la chaleur.

Le quatrième crépuscule lui apprirent la naissance du soleil brillant, et des nuit étoilée, dont l'obscurité était à présent amenuisée par les rayons lunaires.

Le cinquième jour, alors que le parchemin lui annonçait sa très prochaine arrivée dans le vallon, il apprit également l'apparition de poissons dans le lac en contrebas du vallon, ainsi que la naissance des oiseaux qui peuplaient le ciel.

Le sixième soir, annonça à Swiehl qu'à présent des vaches, des brebis et des moutons broutaient l'herbe du vallon.

Quant au septième et dernier soir...

- Chapitre 6 – Les enfants de Pikcswiel -

Lorsque le troubadour approcha d’une étendue d’eau de taille moyenne, il se pencha au dessus de celle-ci. Des poissons étonnamment colorés y jouaient, insouciants. Quand il releva la tête, et qu’il découvrit une légère pente verdoyante, il comprit : "le vallon…"

Après sept jours de marche, il avait devant lui l’objet même du parchemin. Emerveillé, il eût envie de courir derechef au sommet, et contempler ce jardin, berceau de la vie. Mais une certaine timidité, jamais ressentie jusqu’alors, le freina dans son élan. Il se contenta un temps de s’émerveiller devant le lac à l’eau si clair. N’osant pas s’y abreuver il se contenta de sortir sa flûte. Il entama quelques notes douces et apaisantes. Celles-ci semblaient s’envoler. Si le troubadour avait été au sommet du vallon, il n’aurait pu qu’être enchanté du spectacle.

Le jardon était immense, et des denrées rares y poussaient à foison. Mais ce qui était le plus étrange dans ce jardin était la taille de ces légumes. Une tomate prenait l’envergure d’une pastèque de taille impressionnante.

A mesure des notes sortant de la flute du troubadour, les légumes semblaient danser. Alors que la mélodie s’accélérait, les choux ouvrirent leurs feuilles. De même, les roses s’épanouirent. C’est ainsi que naquirent les enfants de Pikswiel.

- Chapitre 7 – L'hêtre chantant -

Ils étaient aux nombres irréels de dix : Olchidann, Oulbann, Amarylisann, Alchemlann et Azaliann pour les filles sortant des roses, Cercoz, Talosioz, Ficioz, Sophuloz et Bolboz pour les garçons sortant des choux. Ils étaient tous beaux, à leur façon, ils avaient tous un rire rayonnant affiché sur leur visage. Les érudits leur auraient probablement pris pour des apparitions angéliques. Mais Swiehl eût pour seule réaction de se frotter les yeux, comme pour se sortir d’un étrange rêve. Alors qu’il semblait se remettre de la première surprise ressentie, il avait quitté sa flûte retournée à sa place originelle. Alors que son doux chant ne résonnait plus dans l’air du vallon, les enfants semblaient tous, les uns après les autres, s’attrister. Ils approchèrent tous du troubadour, rampant ou marchant à quatre pattes, et se disposèrent en cercles autour de lui.

Il est souvent des choses faites que l’on ne comprend pas, et que l’on ne comprendra probablement jamais. La suite est probablement une de ces choses. Alors que le troubadour s’assît à même le sol, les enfants s’étaient tous relevés sur leurs rondes fesses, et semblaient n’attendre qu’une chose. Swiehl repris sa flûte et continua la mélodie là où il l’avait arrêtée. Les enfants se mirent à gémir, formant non pas des mots, mais des sons pour accompagner le son de la flûte. Une étrange chorale s’offrait alors en spectacle aux animaux qui s’étaient regroupés autour d’eux. La musique semblait exercer sur les enfants un prodigieux effet, ils semblaient murir, grandir à mesure des notes fredonnées. Le temps passa, les saisons se succédèrent, et le troubadour était resté assis là sur l’herbe. Il ne sentait plus le temps passer. Seule la musique lui importait. Les enfants grandirent autour de lui. D’étranges bâtisses se montèrent autour de lui. Le hameau prenait vie. Les années passèrent. Le troubadour ne vieillissait pourtant pas. Il s’était simplement fondu avec sa musique et doucement un hêtre poussa à son endroit : un hêtre chantant, un hêtre source de la vie dans le hameau.

- Chapitre 8 – Etymologie -

C’est ainsi que naquit le Hameau de Pikcswiel. Pourquoi pareil nom imprononçable ? Simplement en mémoire de ce troubadour sans qui le hameau n’existerait pas. Etymologiquement parlant, Pikcswiel signifie "Le Pic de Siewhl". Là où le troubadour s’est endormi à jamais pour prendre la forme chantante d’un hêtre, c’est forgé à mesure du temps une bute à la forme étrange d’un pic : un monticule de terre, au cœur même du vallon, sur lequel le hêtre prône sur l’ensemble du hameau. C’est ainsi que le vallon profite tous les jours du son de sa flûte gardé en mémoire dans les racines même de l’arbre dont l’âge n’est plus calculable à présent.

- Chapitre 9 – Les Adultes -

Le vallon est devenu ainsi havre de paix pour les enfants. La vie y est plus que clémente et douce. Et une certaine autosuffisance s’y est installée. Comme tout village, chacun a son rôle à jouer. Chaque enfant a su trouver une occupation dans laquelle il excellait. Le chant du troubadour leur avait confié à chacun un don inné, qu’ils se plaisaient tous à cultiver.

Les dix premiers enfants, ceux qui connurent le troubadour, connurent la construction du hameau. Mais à mesure du temps étrange qui s’écoulait dans le hameau. D’autres enfants arrivèrent : tous aussi différents les uns que les autres, tous aussi beau et bons, les uns que les autres. Le hameau se peupla doucement, sans qu’aucun adulte, hormis le troubadour, ne parvint jusqu’en Pikcswiel.

Une sorte de mythe se créa doucement autour des adultes qui n’avaient jamais existés. Une sorte de pensée commune que chacun comprenait comme une évidence. Ils avaient ainsi tous des parents, partis, disparus, morts. Aucune tristesse cependant ne les accompagnait au fil des jours qui s’écoulaient. Une absence sans doute, mais point une peur, une angoisse. Chacun chérissait ses parents disparus, telle une icône dans leur maisonnée. Tous avaient conférés à leurs parents des traits de caractère, une apparence leur ressemblant ou non. Et ils avaient tous, de façon plus ou moins marquée, l’intime conviction de les retrouver un jour…

- Chapitre 10 – Le Temps -

Les enfants du hameau grandissaient jusqu’à obtenir une maturité. Mais le temps s’écoule étrangement dans le vallon. Chaque enfant ne devait pas arriver à la même maturité. Et chacun n’y parvenait pas au même rythme. C’était ainsi. Le temps ne se comptait ni en jour, ni en nuit, et ce qui pouvait être une dizaine d’année pour les êtres vivants de Dragostina ne pouvait être qu’une semaine ou une heure pour un enfant du Hameau.

Les enfants grandissent la nuit, pendant leur sommeil. Le système même de saisons échappe aux lois dragostiniennes.

Le vallon vit sous 2 saisons : celle de Vie et celle de la petite Mort aussi appelé la saison du sommeil. Elle s’alterne très rapidement. La saison de Vie peut durer une semaine, la saison de petite Mort une seule nuit. Alors que le couple de saisons suivant peut ne comporter qu’une saison de Vie de quatre jours, et une saison de petite Mort de quatre semaines.

Cette saison de petite Mort est tout particulière. C’est par elle que les enfants acquièrent suite à leur maturité une certaine immortalité. C’est cette saison qui explique que finalement les enfants ne grandissent plus.

- Chapitre 11 – Un talent pour chacun -

Chaque enfant du Hameau a un rôle précis à jouer dans la hiérarchie plus qu'étrange du vallon. Telle une petite société parfaite, tout le monde travaille selon ses propres goûts et compte tenu d'un talent précis que lui a conféré Dame Nature. Aucune rémunération n'est donnée en contre partie. Chacun se donne à coeur joie et avec beaucoup d'entrain dans ce dont pourquoi il est fait. Loin de dire que chaque enfant est né pour jouer un rôle en Pikcswiel. Il est simplement des choses floues dans les plans que Dame Nature a dressé pour le Hameau, et ainsi, pour chaque enfant.

- Paragraphe 1 – Talosioz et l'art du maniement du couteau -

En contrebas du vallon, une immense et belle forêt de plusieurs milliers d'hectares cerne le Hameau : Revenwé. Plutôt dense, riche de plusieurs variétés et de toutes les qualités de bois (tendre, dure, parfumée...), des petits chemins se faufilent à travers la végétations. Chaque semaine Talosioz y extrait des bûchettes pour la vente au marche de Dragostina.

Là où nombreux terres dragostiniennes excellent dans la culture de diverses denrées alimentaires, ou se spécialisent dans l'extraction de ce minerai à la brillance si attractive, le hameau quant à lui ne peut que se contenter de ce que Dame Nature lui a offert : le bois.

Dix années, les cheveux blonds comme les blés, et les yeux bleus en amandes, il est le préposé au marché. Il prend d'abord soin de la forêt et remplace chaque arbre mort, pour que celle ci perdure. Loin de se contenter de ne vendre que des bûchettes, son art réside dans le maniement du couteau. Ainsi, chaque semaine, il se rend au marché afin de vendre ses sculptures, et de récolter ses étranges pièces rondes et jaunes, que les Dragostiniens se plaisent à collectionner et à appeler "Torma d'or". Les ventes ne sont pas conséquentes. Le bien être de la forêt passe avant tout, et il ne faut pas occasionner de déboisement en vendant trop de bûchettes décoratives aux habitants Dragostiniens.

Les enfants du Hameau, et Talosioz tout particulièrement ne souffrent pas de l'appât du gain. Ils sont simplement attiré par la brillance de la pièce et ne voit là qu'un joli bijou. Souvent les fillettes s'amusent à les porter en collier autour du cou.

- Paragraphe 2 – Murlioz, les chiffres et les nombres -

Le don de Murlioz est fort étrange, et absolument à contre sens du Hameau lui-même. Mais dans chaque troupeau, n’y a-t-il pas un mouton noir ? N’y a-t-il pas un vilain petit canard dans chaque mare ? Lui est cet élément perturbateur. Il est l’enfant dans le Hameau qui sort de l’ordinaire.

Alors que chacun y est généreux et enclin à la gentillesse, Murlioz quant à lui est d’un genre totalement différent, pour ne pas dire opposé. Calculateur, pour ne pas dire manipulateur, il croit en un avenir plus grand pour cette communauté d’enfants. Loin d’être vénal, il a pourtant cet appât du gain que nul autre enfant ne comprend, ni même n’imagine. Il a l’ambition pour le Hameau : celle de faire de Pikcswiel, les terres les plus riches de Dragostina. Habile dans la compréhension des chiffres et des nombres, c’est cette petite pomme qui tient les comptes du Hameau. Fier de toujours se poser en contradiction avec Olchidann, il ne pense qu’à une seule chose, bien au-delà du bien des enfants : l’avenir du Hameau.

- Paragraphe 3 – Olchidann, et l'art de savoir lire et écrire -



Concrètement, le Hameau, véritable centre névralgique du vallon, est sommes toutes très succinctement constitué.

Au centre, une vaste étendue d’herbe mi-haute offre un terrain de jeu pour les enfants. Toujours gais et le sourire aux lèvres, ils y passent de nombreuses heures pendant lesquelles ils s’adonnent à toute sorte de jeux d’enfants. Talosioz y a d’ailleurs ramené quelques troncs d’arbres morts pour en faire une activité étrange. Un premier tronçon de bois de deux bon pieds de diamètre repose à même le seul sur toute sa longueur, le petit prodige dans le maniement du couteau y a ensuite reposé une sorte de planche de bois. L’épaisseur est généreuse, et toute la longueur est finement poncée. La planche repose sur le tronçon allongé en son centre. Ainsi un enfant pose ses fesses rebondies sur chaque extrémité, et appuie fortement sur ses jambes pour se projeter en l’air. Talosioz a appelé cela le "tape-cul"… Rire aux éclats, chansons enfantines résonnent ainsi dans le centre du vallon. Souvent les animaux viennent les accompagner dans leurs amusements. Les moutons et les brebis en profitent pour paître l’herbe mi-haute.

Au nord, une grande bâtisse de pierre : la seule construction costaude du vallon souvent appelé le Dortoir par les enfants du Hameau. Chaque bloc de pierre a demandé tant de sueurs et de douleurs aux enfants pour les tracter jusqu’à leur place finale, qu’ils ont renoncé par la suite à ériger des bâtiments de pierres. Cent bons pieds de long, la moitié de large, la bâtisse est réduite à son plus simple apparat. Les murs sont étrangement propres et offrent une certaine clarté lorsque le soleil s’y reflète. L’intérieur est tout aussi dénué de décorations inutiles. Seuls des lignes entières de lits remplissent la pièce. Des lits en tube de fer, très pauvre en décoration, et des draps de couleurs bleus s’alignent. On peut aisément les dénombrer : vingt deux lits, un pour chaque petite pomme du Hameau.

A l’est, un grand Hall : quatre larges poutres de bois à chaque angle, ainsi qu’une poutre plus large encore au centre maintiennent une vaste toiture pentue, toute de plaque d’ardoise faite. Des rangées de tables s’y alignent.

A l’ouest, une bâtisse de bois : les animaux s’y reposent et s’y abreuvent. Vaches, veaux, cochons et moutons, brebis y cohabitent en toute simplicité. Naturellement, l’esprit même du Hameau est le fait de vivre ensemble. Les animaux y passent guère de temps, et bien souvent l’on surprend un mouton ou une brebis rejoindre un des enfants pour dormir à ses côtés.

Entre le Dortoir et le hall, une petite cabane de bois isolée. La porte n’en est pas fermée. Chacun peut, comme bon lui semble y pénétrer et y consulter les diverses écrits. La cabane n’est pas bien grande, mais suffisamment pour contenir une table de bois au centre ainsi qu’une chaise au coussin bleu. L’écritoire est le lieu de prédilection d’Olchidann. Elle y règle toutes les affaires administratives du Hameau : les réponses aux missives, les diverses affaires importantes ou non. Elle y tient également un journal, où elle s’efforce de relater les diverses histoires et faits survenant au Hameau. Les pans de murs intérieurs de la petite cabane sont couverts d’étagères de bois : des livres, des rouleaux de parchemins et autres divers écrits y reposent.

C’est donc dans ce cabanon qu’Olchidann exerce son talent : la petite maman est la seule à savoir lire et écrire dans le Hameau. Elle est également la plus vieille : onzes années humaines. L’histoire raconte qu’elle fût la première à sortir de sa rose, et la première à rejoindre en rampant le troubadour chatant et jouant de sa flûte. Elle s’endormit alors aux côté de Swiehl, les joues rondes sur le parchemin qui mena le troubadour au Hameau.

Là serait l’origine de son talent.

De part ce fait, elle est celle qui gère toutes les affaires administratives du Hameau. Certes, elles ne sont pas nombreuses, et relèvent uniquement des missives qui parviennent jusqu’au Hameau. C’est elle qui en prend connaissance. Elle ne prend jamais l’initiative d’y répondre seule. Le soir, sous le hall, alors que tous se régale du festin dans leur assiette, Olchidann leur raconte le contenu des missives. C’est ensemble qu’ils jugent de la réponse à donner, et c’est seulement alors que chaque enfant est déjà couché, qu’elle écrit la réponse et fait porter la missive.

- Paragraphe 4 – Apium -



Apium est l’étrangère du Hameau. Elle n’y est pas née, contrairement aux autres enfants du vallon. Elle est arrivée un matin pluvieux d’on ne sait où. Les enfants la retrouvèrent recroquevillée contre un tronc d’arbre, en plein cœur de la forêt du vallon, celle là même qui cerne le Hameau. Tremblante et le visage en sang, elle semblait perdue dans la forêt. Elle était parvenue à atteindre son cœur, là où personne n’était encore parvenu jusqu’ici : du moins personne du monde extérieur.

La forêt est puissante, elle regorge de mystères que l’intelligence humaine ne peut ne serait ce qu’effleurer. La principale force de cette forêt est sa vie. Telle une âme d’enfant, elle donne vie à tous les animaux qui la peuplent : renard, musaraigne ou rêne… Tous, sous la menace extérieure, se transforme en vigoureux Archer, guerrier ou écuyer. C’est ainsi que le Hameau est défendu. Il aurait été bien absurde d’imaginer des enfants se battant et repoussant les hordes d’ennemis. C’est pour cette raison que la forêt elle-même se transforme en forteresse peuplée d’armes aussi tranchantes ou assommantes les unes que les autres.

Il serait également utopique de penser le vallon imprenable, il était absolument quasiment impossible de traverser cette forêt. Pourtant, ce matin du troisième mois de l’année 86 était arrivée Apium. Elle était parvenue à pénétrer la forêt en distançant ses geôliers. Cette réussite était digne d’une âme pure et innocente, aussi belle que celle des enfants du Hameau. Il avait été très difficile pour Apium d’échapper à ses tortionnaires, et c’est harassé qu’elle arriva dans la forêt. C’est aussi effondré par les atrocités qu’elle avait subies pendant des mois qu’elle traversa l’orée du vaste bois.

Apium était en vie et en larmes, le visage mutilé par ses tortionnaires.

L’histoire d’Apium est triste, et son passé l’est d’autant plus. Mais c’est lui qui forgea son caractère timide et réservé, tout comme c’est ce qui fit d’elle une enfant à la haine grande pour les guerres. Elle avait certes cette incapacité de parler. La mutilation qu’avaient opérée sur elle ses tortionnaires était atroce : ses lèvres étaient scellées par un fil de toile noire, et chaque point où ce fil entrait en contact avec sa chair était encore rouge : la cicatrisation ne voulait pas s’installer. Elle avait pourtant cette autre façon, bien à elle de se faire comprendre : le dessin. Son talent est inouï, et il est son seul moyen pour communiquer avec les autres, ou du moins avec ceux qui ne sont pas effrayé par ses lèvres hideusement closes.

Les enfants l’accueillirent tous les bras grands ouverts. Et de part ses qualités et son caractère, elle fût nommée la Belle des enfants. C’est elle qui est la plus capable de tempérer les colères, elle est aussi celle qui sait le mieux apaiser les conflits, et pressentir les conflits naissants.

- Paragraphe 4 – Ebreünann -



Sans aucun doute, la plus naïve de toute, Ebreünann était avant tout, celle par qui la vie se perpétuait dans le Hameau. Elle n'est pas bien grande, mais il serait également faux de précisé qu'elle est petite. Elle portait toujours un soin particulier à ses tenue, à sa coiffure, et à l'apparence de chacun des enfants du Hameau. Si Olchidann était la petite Maman du Hameau, Ebreünann était la grande soeur. Celle qui veillait à ce que chaque enfant s'endorme le soir dans un lit propre, celle qui veillait à ce que chacun finisse son assiette au repas. Celle qui prenait soin à la propreté de leur vêtements, aussi pauvre pouvaient ils être. Elle passait nombreuses heures devant ses fourneaux, à préparer des repas équilibrés, variés pour les enfants. Elle se plaisait à croire qu'un estomac plein, était un enfant heureux.

En Pikcswiel, aucun enfant ne se nourrissait de viande. Ils portaient tous une très grande attention à chaque animal, et pour eux, il eut été commettre le pire des crimes, que de tuer un animal, et de s'en nourrir. Les enfants se nourrissaient uniquement des produits de leur potager. Ebreünann veillait à ce graines, et replants soient planté, et à leur donner le plus grand soin : vingts deux enfants à nourrir, ce n'était pas si compliqué.

Elle veillait également à l'apparence de chacun. C'est elle qui se rend jusqu'au lac pour faire diparaître les souillure de leur vêtement. C'est elle qui frotte, avec vive énergie, pour faire disparaître les tâches indésirables. C'est aussi elle, qui veille au lit de chacun, au nettoyage des draps...

Elle se plaît également à les invectiver : "Va te baigner dans le lac, tu en as besoin..." Un petit refrain qu'elle se laissait à chanter, dès qu'elle sentait une odeur indésirable. Son odorat était certainement un de ses sens le plus développer.

- Paragraphe 5 – Les jumelles du Hameau -

Le Hameau est né par la musique et le chant. Les douces paroles de Swiehl et sa flûte ont bercé le vallon. Si le troubadour n'est présent que par ce vieux chêne que les enfants chérissent tant, le Hameau paisible vit encore balancé au rythme des notes qui envahissent tout le vallon.

Les deux jumelles, Azaliann et Alchemlann, y sont particulièrement plus sensible que les autres enfants. Tout n'est que prétexte à boutade chantante et farandole de joie. Elles voient en toutes choses un sujet burlesque de refrain. Elles sont joueuse et taquine. Chaque soir, elles bercent d'une chanson les autres enfants alors que tous ont rejoins leur lit. Le rituel succède la réunion autour du feu à la belle étoile, moment où Olchidann, la petite Maman du Hameau, raconte son histoire.


Chant 1 : l'Awowo dans les bois.

"P'om'nons nous... dans les bois....
P'dant qu'l'Awooo... y est pô...
Si l'Awoooo y est...
Il nous mange'ait
Mais comm' il y est pô...
Il nous mange'a pô....
Awooooooooo y es tu ?
Qu'est ce tu fais ?
Qu'est ce t'entends ?"


Chant 2 : ptits Ascéens et les Dest'ucteu'

"Un p'tit Ascéens...
Deux p'tits Ascéens...
Trois p'tits Ascéens...
Quatre p'tits Ascéens...
Cinq p'tits Ascéens...
Ils dansent... Ils dansent..."

Faire courir les doigts de sa main droite sur le dos de sa main gauche.
Très vite, cacher sa main droite derrière son dos.

"L'Dest'ucteu' a bougé..."
Refaire courir les doigts de sa main droite sur le dos de sa main gauche.

"Ils dansent... Ils dansent..."

Placer sa main droite dans son dos.
Faire courir les doigts de sa main droite sur le dos de sa main gauche.

"L'Dest'ucteu' a bougé la tête..."

Faire courir les doigts de sa main droite sur le dos de sa main gauche.

"Ils dansent... Ils dansent...
Hhhhhhhaaaaaaaaaaaaaaaaaaammmmmmmmmmmmmm
L'Dest'ucteu' a mangé les Ascéens..."

- Paragraphe 6 – Manalann et la Nymphe des eaux du lac d'Aleteriel -



Le vallon regorge de splendeur : La forêt de Revenwé, belle luxuriante et surprenante, encerclant le coeur même du vallon ou les enfants vivent, le vieux chêne. Il y a une autre merveille : Aleteriel. Elle est vaste, calme et bleue. Chaque première lune de l'année, Aleteriel se réveille. Un doux chant s'éveille de ses entrailles et un nymphe apparaît : un nymphe au doux nom d'Aleteriel, tout comme sa Mère le lac, et aussi pure et bleue que sa Mère... Chaque première lune de l'année, elle s'adresse à un enfant du Hameau, lui contant les mystères des eaux profondes. Cette enfant est Manalann. Elle n'a rien de bien particulier, si ce n'est cette profonde attirance pour le monde des eaux, et sa capacité à parler aux animaux. Ainsi chaque année, durant la nuit de première lune, elle écoute les prophétie de la Nymphe Aleteriel.

Prophétie de l'an 93 : Nag, Gaël, Ythe.

"Nag, Gaël, Ythe...
Il sera tout seul...
Un jour de ciel gris.
Il sera vêtu en tout et pour tout d'une chemise
Et d'un étrange pantalon aux jambes inexistantes.
Il se tiendra devant moi, oubliant sa honte, debout m'annonçant..."

- Chapitre 12 – Une adulte parmi les enfants -

- Paragraphe 1 – Réveil -

Olchidann se dirigea doucement, les yeux encore à moitié fermé vers la porte de sa cabane de bois. Endormi sur sa table où elle avait rédigé la veille, la dernière page du Livre d'Histoire, des marques d'encres noirs couvraient sa joue gauche. Elle leva les bras en l'air, étirant son corps enkilosé d'avoir passé trop de temps assise sur sa chaise vétuste. Elle ne remarqua la poussières recouvrant la petite bibliothèque improvisée, ni même la toile de l'araignée abandonnée qu'elle affectionnait à regarder dormir ou manger. Sa petite gymnastique achevée, elle prit la clenche de la porte dans sa main droite, et ouvrit la porte. D'un pas endormi elle avança et se cogna violemment le front sur la partie supérieur de la chambranle. Interloquée et choquée, elle frotta son front de la main gauche, et ouvrit plus grand les yeux...

- "Mais... Mais..."

Pour la première fois, Olchidann ne trouvait pas ses mots, elle balbutiait, et bafouillait encore sous le choc de ce qui s'imposait à ces yeux.

- " C'est... Ce n'est... non... Ce n'est pas... possible..."

Elle se pencha, et franchi la porte, comme sonnée ou par le coup qu'elle venait de subir, ou par cette vision qu'elle ne comprenait pas. Une fois dehors, elle se retourna tout en se frottant les yeux.

- "Non... Non... Je dois rêver..."

- Paragraphe 2 – Constat difficile -

Il ne fallut guère longtemps à Olchidann pour rejoindre le lac. Se débarbouiller pour reprendre ses esprits et se réveiller était une priorité. Et elle n'avait pas la force ni l'envie de s'entretenir avec les enfants. Non pas qu'elle se moquait de ce qu'il se passait dans le Hameau, mais plutôt qu'elle voulait un peu de tranquillité pour se passer de l'eau sur le visage.

Elle s'agenouilla juste devant le lac. Elle baissa la tête, et contempla ses genoux. Intriguée, elle tira sur le bas de son pantalon. Elle ne comprenait pas pourquoi celui ci semblait avoir rétréci. Habituellement, son pantalon caressait le sol quand elle marchait. Pourquoi donc arrivait elle à voir ses genoux à présent ? Olchidann s'interrogeait et était surtout perdu...

Ne cherchant pas plus loin, elle se pencha sur l'eau claire et limpide. Mais l'image de son reflet la fit sursauter et elle retomba en arrière sur ses fesses. Son visage avait changé et elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

La première stupeur passée, elle se ressaisit autant qu'elle le pût et s'en retourna au dessus de l'eau, se tenant debout cette fois. Elle posa sa main sur son visage, et tenta de reconnaître ce qui s'imposait à sa vue. Puis, elle réalisa que tout son corps avait changé... Elle avait grandit !

- Chapitre 13 – L'arrivée de Nildhonca -

Pour que des enfants grandissent, il leur faut tout un village. Mais pour qu'ils s'épanouissent, la quiétude leur est nécessaire. Les assauts répétitifs, quand bien même le Hameau des Enfants bénéficiait de la protection du Refuge, ne pouvait garantir la paix que méritaient les enfants. Apium avait échoué. Au delà de ses espoirs, elle avaient attisé nombreuses colères et ires. Seul Revenwë était alors le rempart contre des armées parfois vociférantes, souvent meurtrières et destructrices. Elle ne pouvait faire front à des milliers d'haumes, des centaines de haches, lances ou épées. Aussi magique soit elle, elle ne pouvait continuer à protéger ainsi les enfants.

Une période obscure s'en était suivi, lors de laquelle les pillages furent incessants. Revenwë se laissait doucement saccagé. Il y eut de nombreuses morts à déplorer du côté du peuple de la forêt : les animaux, ceux la même qui revêtait un peau d'arme pour combattre les brutes. C'est alors que Nildhonca apparût, avec ses femmes : la personnification même de Revenwë.