Essai sur les interactions socio-culturelles Sages/Tavernes.

Suites à de récents incidents, j'ai tenté d'essayer d'appréhender une question qui a fini par saisir mon âme toute entière.
Ainsi sous un titre ronflant, se cache une énigme des plus simples : Pourquoi semblent-ils souffrir d'une profonde aversion envers les tavernes et autres estaminets de tous bords ?

Les arguments majeurs avancés par ceux-ci parlent du fait que ces lieux sont souvent les havres de la perdition, du péché et autres péjoratifs. Pour faire simple, des lieux où des Sages n'ont pas leur place car ils se doivent au dessus de ça.
Un autre témoignage me rapporte une histoire bien plus sulfureuse et bien moins noble d'âme, aussi en tairais-je le contenu mais lorsque l'on connait cette affaire, on comprend alors le dégoût que peut provoquer chez cette personne ce genre de lieu.
J'ai donc supposé que l'avis de cette personne prévalu donc et fini par être ingurgité par les autres Sages.
Une question vient alors à mon esprit : étais-je en ce cas une personne pouvant être appelée "Sage" ?

Bien que membre du clergé de mon pays et en plus à un des postes les plus hauts, je me plais à visiter ce genre d'endroits et à discuter parfois de choses parfaitement inutiles avec les clients. Serai-je donc l'anomalie au sein de cette assemblée de Sages ? J'ose espéré que je ne suis pas une.
Admettons que ma conduite soit mauvaise, je me dois donc d'en rechercher les causes. Si j'erre dans ces lieux, c'est pour parler et sans doute du fait de mon corps atypique, chercher un lieu où l'on ne me regardera pas comme un chose.
On peut certes alors me rétorquer que cela doit déjà avoir lieu au Temple mais comment en être sûr alors que je ne suis même pas sûre de ma nature exacte.

J'ai donc décidé d'attaquer la question sous un autre angle, celui d'une philosophie déjà usitée et d'une métaphore.
Tout le monde connaît le proverbe : "Le Sage pointe la Lune du doigt, l'idiot regarde le doigt."
Il existe plusieurs proverbes de ce type, tel que "Apprends du Sage comme de l'Idiot, tous deux ont quelque chose à t'enseigner."
La finalité de ces petites perles de sagesse est celle-ci :

"Le Sage jamais ne cesse de contempler la Lune tandis que la Bête ne cesse de ramper à Terre.
Cela pourrait se terminer là et c'est ce que beaucoup de personnes font, altérant le sens complet de cette phrase car voici la suite :
"Mais le Sage finit par oublier de regarder où il met les pieds et tombe dans un ravin.
La Bête tentera de fixer la Lune mais ne fera que regarder son reflet dans l'eau.
Cependant, le Sage qui parviendra à regarder la Lune et la Terre deviendra un Dragon, sinon, se perdant dans la Terre, il deviendra une Bête.
La Bête qui parviendra à finalement regarder la Lune sans oublier la Terre deviendra un Dragon, sinon, elle se noiera dans un lac.
Et sans jamais perdre de vue un seul des éléments, le Dragon se devra de voler."

Ces maximes ont l'avantages d'être pourvues d'un sens facilement identifiable.
Mais que viennent-elles faire dans le sujet qui nous occupe ?
Ma foi, c'est très simple.
Partons du principe que dans cette métaphore, je sois la Bête, mon attirance pour les tavernes et autres serait due au fait que je suis encore trop liée à la Terre et donc aux choses basses et viles de ce monde.
Cela entraîne donc un corolaire intéressant. En effet, en suivant ce principe, on peut rapidement penser que les Sages de Celerna-Ilonë ont perdu de vue la Terre, n'y voyant plus que ses mauvais côtés.
Cependant, est-ce bien le cas ou est-ce juste un raccourci facile ?
La question mérite d'être posée.
Je dirais que dans tous les cas, je reste liée à la métaphore de la Bête mais pour les même raisons qu' évoquées précédemment. En effet bien que toujours liée aux choses terrestres, j'apprends d'abord de "l'idiot" pour ensuite pouvoir contempler la Lune dans la mare puis dans le ciel tout en ne perdant pas la Terre de vue.
Cela nous ramène toujours au même point : les Sages pêcheraient-ils par arrogance ?
Deux solutions : si oui, alors ils finiront par tomber dans un ravin.
Si non, alors ils correspondent à la métaphore du Dragon. Mais celle-ci impliquant de garder un oeil sur les choses triviales peut-on vraiment les considérer ainsi ?

C'est là que l'on s'aperçoit qu'il est plus simple de défendre un stade inférieur à un stade supérieur.
Bien sûr en mon fort intérieur, je ne peux que penser que les Sages plus anciens que moi ont une compréhension qui me dépasse d'où mes interrogations actuelles.
Je pense qu'au fur et à mesure que je verrai et travaillerai avec les membres de l'Assemblée, la réponse fera jour d'elle-même.
En attendant, je ne peux que continuer qu'à apprendre de tout ce que je vois et ressens.

Sekeln Altroeg.