Enseignement de la Sagesse

Citation :

"La première raison fût de faire grandir, dans une certaine sagesse, les enfants du Hameau. Chacun d'eux se verra bénéficier de l'enseignement des Shinays et des autres Mokis. J'ai moi même demandé à chacun d'eux, de participer à l'écriture de ce livre pour que leur ressenti et leur impression, ainsi que leur enseignement perdurent et servent à autres enfants du Hameau."

Nildhonca, le 8ème jour du mois de Valishil de l'an 100

Livre 1 : Ecrits de Manalann
Livre 2 : Ecrits de Taliosoz
Livre 3 : Ecrits de Cercoz
Livre 4 : Ecrits de Ficioz

"J'ai pas compris quand Olchidann m'a dit : "Tu as été choisie pour vivre parmi les Mokis et les Shinays au Temple." Les Mokis, les Shinays... Tout ça, ça me parlait pas. J'avais l'impression qu'elle me parlait dans une autre langue qu'elle venait d'apprendre pendant la nuit. J'ai pas compris tout ce que cela voulait dire. J'ai juste sourit, comme si c'était une bonne nouvelle et j'ai hoché la tête pour montrer que cela m'allait. Puis, pendant la nuit qu'à suivit, j'ai fait pleins de drôles de rêves... Je me souviens seulement qu'ils étaient désagréables, mais je suis incapable de les raconter.

Pendant trois jours, j'ai continué comme si d'rien n'était. J'ai joué avec les autres, j'ai mangé avec les autres... La seule différence, c'était Olchidann, qui me fixait, les yeux presque grossi de larmes, sans que je ne comprenne pourquoi. Et le plus étrange, était qu'elle m'évitait. Je la voyait m'observer de loin, mais je ne réussissais pas à lui parler. Pourtant d'habitude, elle aimait se mettre assise sur un banc, à côté de moi... Ça m'a fait mal quand même, surtout de pas comprendre.

Après trois jours, Olchidann est restée absente. Je devais partir, pour le Temple comme elle me l'avait dit, et elle n'était pas là pour m'dire au revoir. Je sais maintenant, que c'est une grande tristesse qu'elle éprouvait, et qu'elle ne voulait pas m'embrasser de peur de plus me revoir. Mais sur le coup, j'ai une boule qui s'est mis dans ma gorge, sans pour autant qu'j'arrive à pleurer.

On était Cinq à partir comme ça pour le Temple. J'étais la seule fille. La route à été longue, et j'avais parfois du mal à suivre les garçons. Heureusement Nildhonca était là, elle m'a parfois mise sur ses épaules pour que j'puisse me reposer. Mais c'est qu'j'commençais à être lourde, et j'voulais pas qu'elle se fatigue à cause de moi..."

"Ça a été bien plus qu'une surprise de faire partie des chanceux à se rendre jusqu'au Temple. Je sais pas pourquoi j'ai été choisi, mais j'en suis le plus heureux. Oh ! Loin de moi l'idée d'être heureux en étant séparé du Hameau. Mais il n'y a tant de choses à découvrir en dehors du Hameau. Le fait de plus pouvoir quitter ce bon vieux vallon a été bien plus difficile pour moi. Je pouvais plus faire jouer de mon couteau. D'habitude, je me promène dans la forêt, et j'examine quel bois je peux utiliser pour le prochain lot de sculptures à vendre. C'est pas si facile que ça... Il suffit pas de choisir un arbre, et de l'entamer à la hache. J'aime pas faire mal aux arbres. Ils m'ont jamais rien fait, et je veux que leur bien. C'est pour ça que j'ai toujours pris le soin de replanter un arbre à chaque fois que j'en voyais un au sol et donc que je pouvais utiliser. Mais à doucement, la forêt ne pouvait plus me suffire. Trop peur de la blesser, j'allais souvent visiter les autres forêt environnante. Je découvrait ainsi de nouvelles essences de bois, et c'était le bonheur. Mais depuis la nouvelle venue de Nildhonca, je ne pouvais plus sortir de Revenwë. Et donc, je ne pouvais plus sculpter à ma guise.

C'était une chance de pouvoir partir vers le Temple... Tous ces bois à découvrir, et j'avais déjà entendu parler du beau jardin autour du Temple. Il fallait que je puisse vérifier de mes propres yeux..."

Livre 1, Chapitre II : Tempête

"Les longues heures, transformées en journées, nous menèrent devant un petit village, en contrebas d'une colline. C'est presque miraculeusement, que nous arrivîmes aux portes de la première maisonnée : une chaumière, d'apparence très pauvre, mais dont une fumée sombre s'échappait de la cheminée. Ma timidité me fît me pelotonner dans les bras de Nildhonca, qui avait espéré trouver âmes charitables pour nous réchauffer. Nous étions parti du Hameau avec un soleil radieux. Mais les cieux décidèrent de nous compliquer la tâche avec une tempête d'été que nul enfant ne pouvait braver. Habituée à marché pieds nus sur l'herbe grasse du Hameau. J'avais quitté le Hameau, les pieds toujours aussi dépourvus de protection. La tempête ne nous épargna pas, et n'épargna pas mes pieds nus. D'abord des écorchures, puis des plaies béantes sur les voûtes plantaires, je ne pus très vite plus marcher. Nildhonca et sa bonté (bien que dissimulée sous un visage souvent inexpressif) me porta jusqu'à la chaumière.

Nildhonca, son assurance et son franc parler, frappa le poing fermer sur la porte close. Celle ci s'ouvrit, sans qu'elle ne s'y attende, découvrant à notre grande surprise trois énormes femmes attablées... Il ne fallut guère longtemps à Nildhonca pour se faire comprendre, et très vite les trois grosses femmes nous invitèrent à partager leur repas. L'une d'elle s'était très vite munie d'une couverture pour me couvrir les épaules, et examiner mes pieds... Je n'avais pas peur. Je regardais tour à tour le regard bienveillant de Nildhonca, et les garçons affamés, se goinfrer de quignon de pains et lapant de pleines cuillères de soupe chaude. Je ne remarquais pas le regard inquiet de la femme, qui s'appelait Ohüyth (je le suis bien plus tard). Elle mit très vite de l'eau à bouillir pour entreprendre de me laver les plaies..."

Livre 3, Chapitre I : Départ, une motivation pour chacun

"J'ai mal... J'ai pas envie d'y aller.
Pourquoi j'irai d'abord ?
Apprendre la sagesse me rendra pas mes doigt !
C'est certain que non...

J'ai mal...
Nildhonca m'a dit que je vais apprendre à faire ab... abstarc... abstraction de la douleur, qu'elle est juste dans ma tête parce que j'ai plus mes deux doigt. C'est pas faux... J'ai PLUS mes doigt. Mais j'ai pas demandé à ce qu'on me les coupe moi !

J'ai mal...
Au moins, au Hameau, Ebrëunann sait prendre soin de moi. Elle arrive à me faire penser à autre chose. Elle est gentille et douce. Nildhonca, elle, est brutale dans ses mots... Pis dans ses gestes parfois aussi. Elle me répète tout le temps queje ne fais que râler, que je fais semblant ou que j'exagère.

Je devrais lui couper un doigt pour qu'elle comprenne ce que ça fait. Elle dit aussi que je suis celui du Hameau qui a le plus besoin de cet enseignement. Elle m'a parlé d'ce vieux Shinay et de ce qu'il faisait aux enfants qui se plaignaient tout le temps.

Même pas peur...

Je l'attends moi... Ce Vieux Grincheux Nordique. Elle m'a aussi parlé des jardins plus beau que notre forêt. J'm'en moque moi de ces jardins. Ça sert à quoi d'abord ? Juste à faire beau... J'aime pas... J'aurais préféré qu'elle me dise qu'au Temple, ils connaissent une formule magique pour récupérer mon doigt.

Et si... Et si... C'est ça... J'sais lire moi, et j'pourrais peut être découvrir une formule qui ferait ça..."

"Quand elle est arrivée, fonçant sur moi, les yeux pleins de larmes, j'ai eu la frousse de ma petite vie. Sans réfléchir sur le Comment, je l'ai prise dans mes bras pour d'abord la réconforter. A ce moment là, mes interrogations n'était pas importantes : seule, elle, comptait, qu'elle soit plus calme et surtout que ses larmes sèchent. Ce fût long. Blottie contre moi (comme il lui arrivait parfois quand elle faisait un cauchemar ) je l'a sentait trembler de peur, de tristesse ou d'un autre de ces sentiments que je ne supportait pas la voir ressentir. Quand son coeur se calma, quand ses larmes se tarirent, je n'eus pas la force de l'interroger de peur de voir fondre cette immense à nouveau sur son visage si doux. Je l'ai alors accompagné jusqu'à son lit. La nuit allait de toute façon tomber. Elle devait absolument se remettre de cette émotions si forte qui lui avait causé si grand désarroi.

Elle s'endormit finalement rapidement, sans pour autant que je ne puisse la quitter. Dès que j'esquivais un geste, elle resserrait son étreinte. Mon angoisse grandissait. J'étais parvenu à la calmer, certes. Mais il était alors indéniable que son chagrin immense n'attendait qu'à faire rejaillir ses larmes. Je ne comprenais pas les raisons et n'avais pas le temps. Je savais qu'elle s'était entretenu avec Olchidann juste avant de trembler jusqu'à moi. Mais je ne parvenais pas à me soustraire de son étreinte. Je ne savais pas alors que nous allions être séparé pour la première fois, pendant longtemps."

"Et gnagnagni... Et gnagnagna... Elle ne fait que se plaindre depuis qu'on est parti. Elle a mal aux pieds. La pauvre, elle a pas de chaussures. En même temps, c'est sa faute. Elle a qu'à faire comme les autres, et mettre des chausses à ses pieds. Pas étonnant que ça lui égratigne le pied. Si elle veut, moi, je les lui coupe. Comme ça, tout comme moi, elle pourra se plaindre pour quelques choses.

Pis alors, quand le vent à commencé à s'énerver, que la pluie à tomber, c'était fini. Elle s'est mise à pleurer. Nous faisant croire que c'était des gouttes de pluie sur sa joue. A d'autre... Elle me prend souvent pour plus bête que je ne suis ! Pis Nildhonca s'est mise à la porter. Ces filles... Toujours à faire les pauvres malheureuses... Moi j'avais de quoi me plaindre. Il me manque deux doigts. Mais est ce que moi j'en fais un foin ? Bah non...

L'a fallut traîner Manalann pendant un long moment. Heureusement, j'ai trouvé un village où qu'on a pu se reposer et manger surtout. Les trois grosses femmes étaient moches, mais bon sang que c'était bon leur soupe. Il manquait quand même quelques choses. Un je sais pas quoi. J'aurai pu vider la grande marmitte, mais les autres avait trop faim. Ils auraient dû me donner un peu de leur part. C'est que j'en ai plus besoin moi. Avec mes deux doigts en mains, j'ai besoin de manger plus que les autres. Ils le savent, mais ils l'ont pas fait... De l'égoïsme moi je dis. Ça s'appelle de l'égoïsme !"

"J'ai dormi profondément. Un nid douillet, le ventre plein, et surtout mes plaies pansées, tout allait bien mieux. Je savais que nous reprendrions la route très vite. Mais le confort de cette chaumière me plaisait. J'aurai souhaité y demeuré le temps de souffler un peu. C'est aussi l'angoisse de ne pas savoir ce qui nous arrivera une fois au Temple. Nildhonca semblait confiante, du moins, c'est ce qu'il me plaisait à penser en observant son visage impassible. J'avais besoin de me rassurer, et c'est parfois dans de toutes petites choses, que l'on trouve réconfort.

Les trois vieilles dames ont été d'une gentillesse inégalable. Elle ont pris soin de mes pieds. Elle m'ont également écouté, voyant ma mine certainement triste. Cela m'a fait du bien. Les autres n'arrivent pas à me comprendre, même quand ils le veulent. Nildhonca semble relativement fermé au dialogue, et c'est avec beaucoup de joie que j'ai pu discuter avec ces trois vieilles femmes, au visage usé par le temps. J'aurai voulu rester avec elle. L'idée ne semblait pas leur déplaire. Mais il me fallait repartir, le coeur lourd, d'abandonner ainsi cette généreuse chaumière.

Nildhonca estima que trois nuits suffirent à notre rétablissement. La tempête s'était finalement calmée rapidement, et c'est plus mes pieds qui mirent longtemps à vouloir coopérer. Le lendemain de notre arrivée dans la chaumière, je ne parvenais pas à poser mes pieds panser par terre. Une douleur aigu me poignardait chacune de mes voûtes plantaires."

"Nous prîmes la route le lendemain matin. J'avais passé la nuit à calmer Amarylisiann. Je n'avais pas vu le soleil, le lendemain matin, se lever. Lorsque l'heure du départ arriva, je dû m'arracher de ses bras. La première fois que nous allions être ainsi séparé, et c'est le coeur déchiré que je dûs prendre la route avec les autres.

Les premiers pas furent sans doute les plus difficiles. Chacun d'eux me séparait d'elle. Je n'osais imaginer le chagrin qu'elle devait ressentir. Il devait être immense et ne point être près d'elle pour la calmer m'en brisait davantage le coeur. Je gardai le silence les premières heures, ressassant les mêmes idées noires. Je ne remarquais même pas les souffrances de Manalann, les grincheries de Cercoz ou l'enthousiasme de Taliosoz.

Lorsque le vent commença a soufflé, je me contentais de penser aux mouvements de ses cheveux, lors que nous jouons aux abords du lac, le vent chahutant sa tignasse épaisse. Lorsque le vent s'emballa, je me demandai ce que la suite nous réserverais, me rappelant de ce jour d'automne ou elle et moins dûmes nous abriter dans le tronc d'un arbre, pour ne point être emporté par le vent. Lorsqu'une goutte de pluie se posa sur le bout de mon nez, je regardai le ciel, pensant qu'il pleurait également, soutien de notre chagrin. Lorsque les fines gouttes de pluies, se transformèrent en trombes d'eau, je sorti de ma torpeur, commençant à m'inquiéter. Nous nous mirent alors à courir, découvrant rapidement un petit village, à l'allure triste. La première maisonnée qui se tint alors devant nous, alors que nous avancions vers le village pour trouver refuge, ne se distinguait pas des autres. Seulement, elle fût la première à se dresser devant nous, et Nildhonca y fixa son choix. Elle frappa fermement la lourde porte, qui s'ouvrit alors, nous faisant découvrir trois femmes attablées devant des assiettes pleines. L'odeur émanant de la pièce me laissai indifférent. Pourtant, le contenu des assiettes, une épaisse soupe de légumes, semblait délicieux. Et à en juger la façon dont Cercoz se rua sur une assiette dès qu'on l'invita à s'attabler, il était indéniable que la soupe était bonne.

Pour ma part, je me contentai de me nourrir de quelques cuillères, songeant toujours à Amy, espérant qu'elle ne se laisse point mourir de faim à cause du chagrin..."

"J'avais quand même faim au bout du compte. Même enthousiasmé par l'idée de nouvelles découvertes, mon estomac criait famine. Le vent s'emballa et la pluie tomba. Ça, ce n'était pas bien gênant, j'avais l'habitude. Quand je partais de ci de là pour trouver nouvelle boiserie pour mes sculptures, il m'arrivait souvent, comme là, de devoir traverser des lieux chahutés par le temps mauvais. Mais la faim commençait vraiment à se faire urgente.

Notre arrivée dans cette chaumière fût propice ! C'était au moment même où les estomacs de chacun grognaient que les trois vieilles dame nous invitèrent à leur repas : du pain un peu dur, et une bonne soupe de légume. Moi, je ne me suis pas fait prier. J'avais tellement faim que j'aurai pu engloutir la marmite pleine. La première cuillère fut quand même hésitante. L'odeur était alléchante, mais la fumée qui s'élevait de la mixture me laissait croire que je risquais de m'ébouillanter. Une fois la première gorgée avalée, je pus enfin me régaler de cette divine soupe. Faut dire qu'elle était bonne, simple... mais bonne. J'ai reconnu les carottes, le poireaux (et pourtant, j'aime pas ça, mais là... c'était bon !)... Pis devait sans doute y avoir un peut d'patates j'dirais.

Le ventre plein, j'ai voulu à tout prix remercier les petites Dames. Alors je me suis mis devant le feu, et ais entrepris de sculpter leur portrait."

"Elles ont été si gentilles. J'eus beaucoup de mal à leur dire au revoir (plus un adieu, d'ailleurs, qu'un au revoir). Mes pieds n'étaient plus douloureux et les chaussures que m'avaient offerts les trois vieilles dames protégèrent mes pieds, empêchèrent que les blessures s'ouvrent à nouveau. Nildhonca était pressée de rejoindre le Temple alors que moi, je serai bien restée là, dans cette chaumière qui sentait bon le propre et le chaud. C'était un peu comme être entourée de ses parents. Je n'ai jamais connu tout ça, mais je reste persuadée que ça ressemble à ça, à cette chaumière...

Nous partîmes au petit matin. Moi le coeur gros, et mal le ventre. Malgré ma timidité j'ai osé les prendre chacune dans mes bras et les embrasser sur leurs joues marquées par le temps. Je les ai remerciées, mais j'aurai voulu, avant tout, pouvoir leur promettre que je reviendrai bientôt les voir, des histoires plains la tête à leur raconter. Elles se contentèrent de me sourire, avec toute la douceur que je pouvais lire dans leur yeux.

Le coeur gros, je dus leur tourner le dos, serrant contre moi le panier d'osier qu'elles avaient préparé pour notre route : des fruits, des biscuits, du pains...

Nous marchâmes tout la journée, moi les pieds traînant, à l'arrière de tous les autres. Je ne prononçai pas un mot, me contentant d'acquiescer d'un signe de la tête (accompagné d'un gémissement) suffisant pour répondre à cette question qui revenait régulièrement : oui, j'allais bien ! J'avais le coeur lourd de chagrin, mais j'allais bien !

A la tombée de la nuit, nous arrivâmes aux portes du Temple. Nildhonca semblait soulagée que la route arrive à son terme. Je ne pouvais qu'être incrédule face à ce qui se présentait devant moi. Le spectacle était merveilleux... Le ciel déjà sombre, la lune déjà haute dans le ciel. Et des milliers d'étoiles scintillant dans le noir. Je restais les bras ballants, la tête en l'air et la bouche ouverte à contempler ce qui s'offrait à mes yeux. C'est un mouvement brusque qui me sorti de mes rêves : Nildhonca m'avait cramponnée le poignet pour la suivre dans les méandres du jardin..."

"Lorsqu'un renne se débat, ce n'est pas qu'il ne veut pas de toi (puisqu'il ne te voit pas), mais c'est juste que tu tires trop fort sur ses bois."

Ce sont les premières paroles que prononcèrent l'étrange bonhomme lorsqu'on le rencontrai. Il était vraiment étrange : son allure, la façon d'articuler ses mots, et surtout son expression dans le visage... Son... Expression ne fit que me conforté dans ma première impression. C'est Amy qui aurait bien ri à cette phrase dont le sens était obscur mais très amusant. Elle lui aurais certainement tiré le pantalon pour qu'il se baisse et lui aurait demandé d'arrêter de dire des bêtises... Là, forcément, je lui aurais dit de se calmer et elle m'aurait souri. Je lui aurais également expliqué que ce n'était pas poli de s'adresser ainsi à une grande personne, mais elle m'aurait simplement fait un grand sourire, plein de sa joie et de sa bonne humeur.

Ragnar, je crois qu'il s'appelle. C'est un nom très très laid. Et pas facile de le prononcer. D'ailleurs, c'était amusant de voir Manalann l'appeler Ania. Et ce qui était encore plus drôle, c'était la moue que le secrétaire (je ne sais pas ce que c'est, il faudrait que je me renseigne...) affichait quand il l'entendait l'appeler ainsi. Ça donnait l'impression qu'on avait mangé la soupe sans lui. D'ailleurs, vu sa bedaine, ce n'était certainement pas la soupe de légumes qu'il affectionnait. Ou alors, c'était une espèce de potage légumineuses avec du lard flottant sur le dessus... (Le lard, ça flotte ou sa coule ?)

... Enfin, ce Ragnar nous a demandé de réfléchir sur cette anecdote, apparemment un proverbe de chez lui (j'ai pas retenu le nom de son chez lui, c'était bien trop incompréhensible et imprononçable). Cette réflexion était la première marche dans l'enseignement de la Sagesse. Et comme on est là pour ça, on a pas vraiment le choix. J'aurai quand même bien voulu en savoir un peu plus. Je ne sais pas ce que c'est qu'un renne. Alors comprendre ce que sa phrase veut dire, c'est d'autant plus dure. Dans deux jours, on doit tous venir vers lui pour tenter de lui expliquer ce qu'on comprendre de son proverbe. J'ai encore deux jours pour réfléchir. Mais là, j'avoue que je n'ai pas l'once d'une idée. C'est dommage qu'Amy ne soit pas là. Elle lui aurait certainement trouvé une explication farfelue mais plausible. Son imagination est énorme, et ... Sans elle c'est dur !

"Lorsqu'un renne se débat, ce n'est pas qu'il ne veut pas de toi (puisqu'il ne te voit pas), mais c'est juste que tu tires trop fort sur ses bois."

J'ai trouvé, ce n'était pas si compliqué.
Un renne, c'est un cheval avec des bois sur la tête. Ça, ça n'a pas été très difficile à trouver : il a suffit de poser des questions à droite et à gauche. En tout cas, les Mokis et les Shinays, ils sont bizarres. Pas un seul n'a réussi à me donner une réponse simple quand je leur demandais ce qu'était un renne. J'ai réussi à saisir que ça ressemblait à un cheval, mais que ça avait des trucs sur la tête qu'on appelait des bois.
Ensuite, tirer dessus. Donc, c'est un cheval et pour tenir debout dessus (enfin plutôt assis), on l'agrippe par les rennes. J'aurai bien voulu faire l'expérience, mais pas moyen de mettre la main sur un renne dans le Temple.... La Sagesse... La Sagesse... On pourrait nous donner au moins les moyens pour l'a trouver quand même.
Alors, ce que j'ai fait, j'ai demandé à ce Ragnar de ce mettre à quatre pattes (ce que j'ai eu du mal à lui faire avaler). Je lui ai mis sur la tête des bois que j'avais trouvé par terre. Et là, j'ai tapé les talons sur son flan, et j'ai crier : "Hu Cocotte..."
Bah... Il a pas du tout aimé ! Je ne comprends pas du tout pourquoi...
Mais au moins, j'ai pu lui prouver que j'avais compris son proverbe.

Et puis, j'ai eu envie de faire un dessin pour illustrer la scène..."