De l'habitat...

Tout comme dans notre traité de démographie luxoise, le but ici n'est pas de traiter des elfes noirs en général, car d'autres l'ont déjà fait [*], mais bien de traiter de l'habitat des luxois.

On reprendra ici certaines divisions géographiques et démographiques vues ailleurs. Ainsi on opposera les habitants de la plaine, des bourgs et villages, à ceux de la ville, avant de lister quelques petits habitats précis particuliers.

Dans la plaine, les elfes noirs y vivant, la plupart étant des Ombres, habitent des maisons à flanc de montagne, plusieurs pièces étant taillées dans le roc. Se regroupant près des routes commerciales, de la sortie des cours d'eau du massif, on ne comptait jamais moins de sept maisonnées. Si les murs et le toit semblaient grossiers vu de l'extérieur, entassement de pierres saillantes, sans réelle correspondance de forme et de couleur entre les différents rocs, il en était tout autrement de l'intérieur. Le contraste est saisissant entre ce qui semble être un véritable igloo de rochers dehors, et l'intérieur d'un hôtel douillet à l'intérieur. Des morceaux de bois d'une complexité infinie recouvraient l'ensemble des anfractuosités de la roche et du mur, pas une pierre ne dépassait, et pas une planche n'était semblable à une autre. Chaque pièce a son essence d'arbre particulière, polie par le temps et l'usage. Jouant un excellent rôle d'isolation, l'hiver comme l'été sont plus qu'agréables dans ces cavernes. Il est à noter que parfois des avancées sont ajoutées aux maisons, afin que les bêtes, notamment les chevaux ou les esclaves rares, puissent dormir au sec et au chaud. Malheureusement pour le regard, point de bois ici, simple roc nu, avec un peu d'étoupe pour isoler tant bien que mal.

Dans les bourgades, comme dans la ville originelle d'ailleurs, l'ensemble des habitations est organisé par rapport au manoir de la famille Noble dominant le bourg en question. Ce manoir est en théorie la seule bâtisse à pouvoir posséder des éléments hors du sol. Le changement de famille dominante dans un bourg étant en effet traditionnellement marqué par la destruction de ce manoir par la nouvelle famille. Ainsi toute l'activité de réception, de diplomatie, et d'interaction avec des membres éloignés de la famille dominante dans le bourg ou même d'autres familles extérieures au bourg se fait hors des cavernes, comme dans un espace plus public et neutre. Toujours taillé d'une même roche pour un même manoir, les rocs utilisés sont réunis comme un seul par le travail des magiciens et alchimistes, donnant l'aspect d'un bloc uniforme au manoir. Il nous parait important de préciser qu'aucune fonction militaire n'est associée à ses manoirs. Pour les parties souterraines, elles dépendent pour la quantité et la taille des pièces des moyens et besoins de chaque famille. Taillées là aussi dans le roc même, ces pièces contiennent toutes ou presque un écoulement d'eau, souvent canalisé par ailleurs. L'infiltration constitue en effet le principal problème de ces constructions, mais des siècles d'expérience permettent aujourd'hui de ne pas craindre d'accident comme des éboulements. Ici le bois est réservé aux chambres à coucher et aux plus riches maisonnées, la majorité des pièces étant rendus moelleuses par l'entretien de mousses épaisses et sèches, ainsi que la présence de nombreux coussins et fourrures.

En ville, la présence de la plaine et de plateaux herbeux et riches de terre, et non pas seulement de pierres, a entraîné l'abandon de techniques traditionnelles devant la pression démographique. Si le manoir d'obsidienne est toujours là, dominant Tumcoia de ces tours, de nombreuses maisons percent le flanc de collines dans la vallée. Avec leurs toits d'ardoises d'une couleur différente pour chaque maison, dans une palette allant du blanc neige au noir du palais ducal, c'est un spectacle magnifique que vous aurez sous les yeux si vous vous donnez la peine de grimper sur l'un des sommets bordant la vallée. Ces bâtisses cohabitent certes avec des formes plus traditionnelles d'habitat, mais il a fallu les construire à flanc de colline, la place manquant à flanc de montagne. Le risque d'éboulement étant bien trop grand sous la terre, ces elfes se contentent d'une simple cave la plupart du temps, qui sert plus pour la nourriture que pour la vie des résidents. Ce sont surtout des luxois par le droit du sol qui ont accepté de loger dans ces maisons, la plupart ont d'ailleurs été construites par le Duc et son argent, pour encourager l'immigration vers le duché. Des murs de rocs, dont les différentes pierres, d'ordinaire de deux compositions différentes, ont été prises telles quelle dans les pierriers puis taillées juste assez pour coïncider parfaitement avec les autres. Il n'y avait donc nulle régularité dans les murs quand aux lignes des différents rochers les formant, ce qui donnait toujours une drôle d'impression aux ambassadeurs étrangers. Pour l'intérieur, un seul mot d'ordre : bois et marbre. Marbre pour le sol, bois pour les cloisons et le toit. Un marbre de multiples couleurs, veiné de métaux parfois, dont on pouvait, moyennant quelques tormas, faire changer les motifs par un alchimiste, ce que l'on faisait très souvent dans la chambre d'un enfant pour son anniversaire par exemple.

Pour ce qui est des communautés vivant un peu à part, on citera les militaires, vivant dans des tours de guet, lesquelles sont en fait entièrement dans la roche, des meurtrières trahissant seules leur existence. Dans ces tours tout est de la roche qui a été creusée, sauf les salles communes et les couches, faites de bois et de fourrures.
On citera enfin et surtout les Ombres s'étant retirées de la vie commune, et s'étant regroupées en communautés en altitude. Habitant des grottes naturelles, aménagées avec des peaux de bêtes, souvent celles ayant précédemment habitées le lieu d'ailleurs, ils se soucient peu d'avoir un grand confort, leur seul réconfort étant la solitude et la mise à l'écart des "sensibles". J'ai eu l'occasion d'observer des panneaux de bois à l'entrée de ces cavernes, souvent commandés et amenés ici par des parents n'ayant pas suivi ces reclus, mais certaines grottes sont ouvertes au vent et au froid, ces pauvres êtres se contentant de se mieux serrer dans leurs bras pour y faire face.

Ici s'achève ce (j'espère trop) bref aperçu de l'habitat en Lux, nous rappelons au lecteur qu'il n'était pas ici question des lieux de travail ou d'activité, qui seront abordés dans un autre texte...

[hrp : * : http://forum.lenouveaumonde.org/smf/index.php/topic,19157.0.html ]