Les élèves qui avaient le privilège de bénéficier de l'enseignement de l'Ecole venaient de tous horizons nobles et étaient soigneusement choisis : ainsi, elle accueillait des enfants riches et de naissance après d'innombrables tests que peu réussissaient. Rhyliendalh formait l'élite noble, qui représentait l'avenir du Royaume. Une éducation similaire et objective - selon les termes de la Reine, qui a elle-même conçu le programme éducatif - était donc inculquée à vingt élèves sur quinze ans, au terme desquels ils devaient être capable d'occuper un poste à responsabilités.
Parmi les presque adultes, s'était présentée une jeune femme orpheline, mais volontaire et déterminée. Si ses origines furent impossibles à vérifier, elle avait indiqué être fille d'un duc méconnu de la cour. La Reine, qui l'aurait refusée en temps normal, avait été étonnée par le fort caractère qui émanait de cette personne, et s'était dit qu'elle ferait un bon divertissement. Rejetée par les autres par son inexistence de patronyme, Tamiräh restait toujours seule à lire et étudier, alors que ses camarades profitaient de chaque instant pour s'amuser.
Elle semblait d'une patience à tout épreuve et paraissait être indifférente aux fréquentes moqueries des jeunes nobles, et fut celle qui réussit l'examen à l'issue des quinze années d'études. Lyssia, qui n'avait jamais cessé d'observer son évolution, une impression étrange lui soufflant à l'oreille que leurs chemins s'étaient déjà croisés, vit grandir en elle-même une haine à l'encontre de cette gamine, et attendait à chaque instant une erreur qui lui serait fatale.
Malheureusement, Tamiräh semblait irréprochable, à tel point que les ministres de la Reine la lui proposèrent comme conseillère, ce qui acheva d'agacer cette dernière, verte de jalousie et de rancoeur. Se sentant obligée d'accepter sous la pression de ses ministres, elle fit mine de l'accueillir avec joie, ravalant avec difficulté l'humiliation qu'elle ressentait. Maudissant le choix des années auparavant qui lui avaient valu ce déshonneur, et encore plus la jeune femme manipulatrice et aux ambitions dangereuses, la Reine n'attendait que l'instant où elle pourrait trouver matière à renvoyer ou torturer Tamiräh, fulminant de rage de voir une telle gueuse si proche d'elle.