Et c'est en troublant un silence pesant que sa harangue commença :
"Soldats !
Vous savez tous que cela ne peut être que le dernier combat pour nous tous dans cette campagne. Il n'y aura ce soir pas de défaite ni de victoire, mais des lâches qui seront encore en vie, et des braves qui auront su payer de leur vie la mort d'ennemis plus nombreux qu'eux.
Il n'y aura donc ce soir pas de survivants chez nous tant qu'il y aura encore des damnés en vie en face. Mais il n'y aura point de damnés en face tant qu'il y aura des survivants chez nous !"
Quelques hourras l'interrompirent. Il reprit :
"Nous savons tous qu'ils sont plus nombreux que nous. Nous savons tous que leurs hordes maudites ont déjà à maintes reprises eu l'occasion de s'aguerrir lors de nombreuses expéditions meurtrières... Ils n'ont pas l'habitude de la défaite, et ils l'ont encore prouvé en balayant les armées qui étaient venues à leur rencontre."
Les soldats aux visages redevenus graves se remémorèrent les desastreuse expéditions armées qui s'étaient confrontées aux innombrables armées éveillées...
"En tant que représentants de la sagesse de Celerna, nous ne pouvons les laisser dans une telle ignorance des choses... Je compte sur vous pour leur apprendre le goût amer de la défaite !"
De nouveau, une acclamation monta dans les rangs, les soldats ainsi galvanisés ne sentaient déjà plus le froid et avaient déjà oublié le hurlement lugubre qui avait surgi quelques instants auparavant de la forêt.
"Et enfin, comme il n'y a que des braves, ici, je nous souhaite à tous de nous retrouver cette nuit au Valhalla, à nous servir quelque délicieux breuvage dans le crâne de nos ennemis... Et ça tombe bien, il y a déjà des squelettes parmi eux, ça sera moins long à préparer pour les servantes !"
Un léger rictus aux lèvres, Ulrik conclut par un long cri de guerre qui fut repris en choeur par l'ensemble des soldats présents, ce qui avec les Valkyries aux voix suraiguës sur les côtés et les voix de baryton des fantassins pour la plupart bûcherons qui constituaient le centre de l'armée, forma un ensemble accoustique assez original :
"Pour l'Hiskvargd ! Pour l'Hiskvargd ! Pour l'Hiskvargd !"
Une fois son discours terminé et la clameur retombée, il reprit place sur le flanc droit de son armée, au milieu des Valkyries qu'il dominait de trois bonnes têtes.
Ils attendaient, et leur Chef commençait à se demander si le bénéfice qu'avait pu avoir sa harangue sur le moral de ses troupes n'allait pas finir par retomber du fait de l'angoissante attente que faisait peser sur eux l'armée ennemie...