Voyageur des eaux

Monté sur son destrier nagga traditionnel , les fameux Aquatiquus , chevaux amphibies dotés de magie, Aëlthiren s’avançait , en ce doux jour de Ligrève, contemplant d’un œil curieux les jardins magnifiques dans lesquels ils pénétraient . Vêtu simplement, pour plus de confort en ce long voyage, il ne ressemblait pas à l’ émissaire qu’il était sensé être, mais les apparences ne sont – elles pas trompeuses ?

Eh bien , mon brave Histrius , pensa t ‘il , nous voilà arrivés … Qu’en penses – tu ?
Ma foi , cela me semble prometteur, mon ami, lui répondit mentalement son cheval . Des terres si bien entretenues, et respectant tant la pousse naturelle des espèces n’ ont pu être créées que par des gens dignes de confiance. Voyons maintenant si les personnes vivant ici tiennent les promesses que nous laissent subodorer ces lieux …

Le lien entre eux était si fort ( ils avaient grandi ensemble dans les flots de Ghlaës’Ilöth ) qu’ils pouvaient, même à longues distances, communiquer mentalement entre eux. L’ instinct et le jugement sur d’ Histrius ne s ‘ étaient jamais démenti et plus d ‘une fois Aëlthiren avait pu compter sur lui pour démêler les fils de situations complexes .

Pendant qu’ils devisaient ainsi mentalement , ils avaient progressé au cœur des jardins, et étaient presque arrivés auprès de la bâtisse principale.

Ainsi , c’est cela , le Temple de Celerna- Ilonë ?
Puissions nous y trouver la sagesse , mon ami …. , pensa Aëlthiren .
Essayons maintenant de trouver quelqu’un pour nous guider, et dès que nous serons installés j’ écrirais à ma sœur pour l ‘ en informer ….

En cette ambiance belliqueuse, Traopsen était fortement préoccupé, et craignait à chaque instant de voir d'autres troupes déferler.
Loin de ses Terres, il ne cessait de prier les esprits de ses Ancêtres afin qu'ils accordent leur protection à Bribakven, et dès qu'il le pouvait, il montait le plus haut possible dans le Temple, passant des heures à scruter l'horizon.

Par chance, aucune armée n'était encore parvenue au Temple. Elles avaient certes dévastés les royaumes de ses compagnons, mais aucun mécréant n'avait su trouver le chemin pour Celerna-Ilonë, demeure de sagesse et de paix.

Mais en ce jour radieux, quelquechose approchait. De loin, ça ne ressemblait à rien de ce que le barbare avait pu observer au cours de sa vie. Il commença à s'inquiéter, mais parvint à se rassurer par la solitude de ce qui semblait être une monture.

Le temps qu'il rejoigne les Jardins, les visiteurs étaient déjà arrivés. De près, il remarqua leur peau bleu, et sut alors aussitôt de qui il s'agissait. Des Naggas, cette race peu répandue, si charismatique, et si mystérieuse, mais qui cachait une prédisposition certaine à la Sagesse.
Il s'agissait bien sûr de l'émissaire Laënwëlyn, que Traopsen venait de recruter.

Il alla vers les deux êtres d'un pas avenant, le sourire aux lèvres, et c'est d'une voix chaleureuse qu'il les accueillit :

Bonjour mes amis, et bienvenue à vous au Temple. J'espère que vous avez fait bon voyage, et que vous n'avez pas eu trop de mal à nous trouver.
Je suis Traopsen, de Bribakven. Vous avez déjà eu l'occasion de faire connaissance avec mon épouse, qui m'a informé de votre visite.

Il tendit la main au Nagga, attendant de le saluer.

Plongé dans leurs pensées, Aëlthiren et Histrius ne s' aperçurent pas tout d'abord de la présence d' une tierce personne à proximité.
Ce ne fut que lorsque sa voix résonna , que tous deux levèrent la tête et l' écoutèrent attentivement .

Cet homme semblait être un Nordique , ce qui fut confirmé rapidement par ses paroles.

Ainsi voici donc Traopsen , époux de Traopsenia de Brikbakven ?
Comme il doit être soucieux , en ce moment .... L' incertitude dans laquelle est plongé son royaume à cause de cette guerre récente ne pourrait que ronger même le plus sage et patient des êtres .... Mon brave Histrius, faisons de notre possible pour l' égayer et le distraire tant que nous le pourrons .... pensa Aëlthiren .

tu as raison ...malgré son sourire , je sens à quel point il est miné au fond de lui , confirma son destrier .


Tout en saisissant la main qui lui était tendue, pour échanger un salut chaleureux, le Nagga s'exprima ainsi :

Seigneur, vous nous voyez ravis d' être enfin parvenus au terme de notre voyage , qui s'il fut long , n'en fut pas moins enrichissant. Je suis Aëlthiren , Seigneur de Laënwëlyn ,et voici mon fidèle compagnon, Histrius .
Le peu que jai pu voir du temple pour le moment me ravi .
Nous avons hâte de nous instruire de notre rôle parmi vous et de nos devoirs.

Aëlthiren se tut, et regarda encore une fois les alentours , nimbés d' une chaude et douce lumière ... Le jour déclianit peu à peu , malgré tout , les ombres n' étaient pas menaçantes ,et nulle inquiétude ne pointait avec l' arrivée de l' obscurité....

Traopsen prit la main d'Aëlthiren entre les siennes, tout en écoutant ses paroles.

Si vous désirez prendre un peu de repos, je pourrai vous mener à vos appartements. Mais s'il vous reste quelques forces, je me propose de vous faire visiter sommairement les lieux, et vous présenter aux Mokis présents.

Le Barbare se mit en route vers l'intérieur du temple, marchant d'un pas lent, tout en continuant à discuter, après s'être assuré que le Nagga et sa monture le suivaient.

Vos devoirs sont relativement simples, vous devez déposer les armes lorsque nous ne sommes pas aggressés, et vous devrez vous plier aux décisions et aux contraintes de la guilde. Mais cela ne sera pas difficile, comme vous vous en apercevrez très vite.
Nous vous demandons également d'être présent, et de participer à la vie du Temple.

Quant à votre rôle, nous vous laissons prendre vos marques avant de vous assigner une tâche, qui, trop précoce, pourrait nuire à votre apprentissage.

Traopsen regarda autour d'eux afin de voir si d'autres Mokis étaient à proximité, afin de présenter Aëlthiren devant eux.

Aëlthiren et Histrius emboitèrent le pas à Traopsen , et durent adapter la foulée de leurs longues jambes à celles du barbare , plus courtes.

Nous vous suivrons avec plaisir pour un tour des lieux, car le plaisir de la découverte efface nettement la fatigue de notre voyage ....

Le Nagga observait lui aussi attentivement , afin de repérer toute présence environante , mais ne voyait personne . Cette heure de la journée devait maintennir les Mokis tous occupés à quelque importante tâche , et on ne pouvait décement pas les interrompre juste pour leur être présenté !

Ne vous inquiétez pas , si personne n ' est disponible pour le moment , nous nous contenterons de nous promener avant de rejoindre nos quartiers.... De plus , je serais heureux de voir si l' écurie a été amménagée selon mes souhaits, afin que je puisse vivre à proximité d' Histrius ....

Plongé dans ses pensées, Macléon se promenait dans le temple, comme à son habitude en cette fin d'après midi, bercé par le claquement régulier de son bourdon sur le dallage. Ses pas l'avaient finalement menés dans cette petite cour intérieure entourée d'arcades qu'il appréciait tant.

Cependant aujourd'hui, il ne serait pas seul... Il aperçut Traopsen, qui l'avait accueilli en ce temple, et frère d'une grande allié de son ami Kiv. Mais il ne reconnut pas la personne à ses côtés. Grand, élancé, la peau bleue...
Bien qu'ayant beaucoup voyagé par le passé, Macléon n'avait encore jamais croisé de Nagga. Mais il put le reconnaitre par les différents échos qu'il en avait eu.

Il s'approcha alors du couple en pleine discussion.

_ Namasté, dit-il en inclinant légèrement la tête. Traopsen, quel plaisir de te croiser ici.
S'adressant au Nagga :
Nouveau parmi nous, je présume ? Je me présente : Macléon, mage à mes heures perdues, émissaire du Khan Kiv. Ravi de vous rencontrer.

A ces mots, le vieil homme se fendit d'une révérance.

Un léger claquement résonnant sur le sol fit relever la tête d' Aëlthiren . Restant concentré sur sa discution avec Traopsen , il regarda un vieil homme souriant ,et fort alerte malgré son âge, s'avancer vers eux.

Il se présenta en tant qu' émissaire du Khan Kiv , et mage également .

Quel personnage intéressant pensa Aëlthiren , il pourrait être fort instructif de discuter magie avec lui . Ma soeur en serait fort ravie , je pense .


Il s'adressa donc au vieil homme :
Merci beaucoup de votre accueil , Mage Mac Leon , je suis AËlthiren , frère de la dame Aëlendith de Laënwëlyn . Je serais heureux si vous daigniez m'accorder de votre temps ultérieurement pour partager nos connaissances sur la magie de notre monde .....

Macléon parut soudain ravi
Ce sera un réel plaisir que de converser de cela avec vous, j'en suis certain ! Cependant puis-je émettre une condition ?
Il marqua un temps d'arrêt, observant la réaction de son interlocuteur

Héhéhé, rassurez vous, c'est juste que je n'avais encore jamais eu l'occasion de croiser de Nagga, aussi j'aimerais que vous me parliez un peu de votre peuple, vos us et coutumes, ... Si ca n'est point trop indiscret, bien entendu.

Le sourire du Nagga illumina son visage , rappelant ainsi les reflets de la lumière du soleil sur l'océan ... Ce vieil homme lui plaisait fort, et ces discutions promettaient d' être intéressantes ...

Ce sera avec une grande joie que je vous parlerai de mon peuple et de notre pays , s 'exclama Aëlthiren , ainsi qu' à tous ceux qui souhaiteraient nous connaitre mieux bien évidement !

Il avait cherché dans le Temple et n'y avait pas trouvé Traopsen.
Il était donc sortit à sa rencontre. Le Nordique était en effet dehors,
en compagnie de Mac Léon, un vieil enchanteur au service du Khan Kiv, et d'u étrange être à peau bleue qui devait être l'invité tant attendu au Temple ces derniers jours. Un Nagga cela ne se voyait pas tous les jours à Celerna. Il était sûrement temps d'y remédier. Il était accompagné d'un étrange équidé.
Le regard du Prêtre Moki ne s'attarda pas trop sur ces étranges nouveautés, il détourna les yeux, s'approcha du groupe et s'inclina respectueusement.



- Mes seigneurs, je tenais juste à vous informer qu'une chambre était prête, à disposition de notre invité.

Le grand être bleu lui sourit, et accepta son invitation. Il lui fallait seulemet s'assurer que son compagon serait bien logé avant que de le suivre. Le prêtre le dirigea donc en premier vers les écuries avant de lui montrer le chemin de sa chambre.