Le temps était froid en ce jour de nébrier. Dans le col, le vent s'engouffrait en sifflant et en soulevant de grandes volutes de poussière. Laurelis rabattit un pan de sa cape de voyage devant sa figure pour s'en protéger et continua d'avancer. Elle marchait depuis bien des jours et maintes fois avait été tentée de rebrousser chemin, mais son opiniâtreté avait vaincu et enfin elle touchait au but.
Déséquilibrée par les rafales, elle dut se fléchir pour progresser et entrer dans la vallée.
Enfin parvenue à l'abri du vent, elle essuya la poussière de ses yeux et rajusta ses longs cheveux. Devant elle se dessinait la vallée forestière qu'on lui avait décrite. Son voyage touchait à sa fin...
Parvenue au village, elle alla se désaltérer à l'eau de la rivière. Et resta confuse devant le reflet qu'elle voyait dans l'onde. Sale, le visage fatigué et les vêtements défraîchis et déchirés par les intempéries, elle n'avait plus grand chose de la fière cavalière qui était partie enthousiaste de sa contrée pour apprendre la sagesse des prêtres Moki...
Rapidement, elle lava sa figure dans le courant puis s'approcha de l'enceinte du temple.
En avançant dans l'allée, elle avait l'étrange sensation d'être écrasée par la dimension et la majesté des lieux, tant des arbres que du dôme pyramidal qui lui faisait face. Et pourtant de ces jardins émanait une harmonie si naturelle que nulle main d'homme n'aurait pu la créer.
Lentement, Lauralis avança, captivée par les étranges couleurs qui s'offraient à elle, l'esprit étourdi par les subtiles fragrances du printemps qui déjà régnait ici. La guerre, la violence, le froid et les malheurs du monde ne semblaient pouvoir entrer en ce lieu. Sans plus penser à rien, elle s'écarta du chemin et s'accroupit prés d'un petit ruisseau. Le clapotis de l'eau lui procurait un étrange bien-être et elle se laissa aller à fermer les yeux.
Un long moment passa ainsi. Lorsqu'elle se releva, toute lassitude semblait l'avoir abandonné et c'est d'un pas décidé qu'elle reprit son chemin vers le temple...