Cela faisait plusieurs jours qu'Enthros était arrivé au temple. Conformément à sa mission, il avait aménagé un pigeonnier dans un bâtiment vide et s'occupait régulièrement des pigeons voyageurs qu'il avait amenés de son pays. Les communications seraient désormais bien plus rapides.
Il avait mis ces derniers jours à profit pour apprendre un peu de la sagesse des prêtres, mais en vérité son caractère joyeux et emporté, s'il le rendait éminemment sympathique, l'empêcherait sans doute d'arriver à la concentration nécessaire à la maîtrise du magnétisme.
Ce jour-là le temps était pluvieux. Enthros était à une fenêtre de la salle de discussion, assit sur une table afin de mieux observer le paysage des jardins, toujours harmonieux sous la pluie. Il chantonnait en s'accompagnant à la mandoline.
"- Lorsque le printemps déroulera la feuille du bouleau
Et que la sève coulera de nouveau dans la branche,
Lorsque la rivière clapotera dans la forêt de nouveau
Et que les rayons lumineux tomberont en avalanche,
Lorsque le vent vif de la montagne sera sur ton front,
Reviens vers moi ! Reviens vers moi et ensemble nous iront !"
[Librement inspirée de la chanson des Ents du Sda]
Il soupira et se retourna vers un jeune prêtre devenu son ami qui était dans la salle:
"- Ah... Kendas. Si tu savais comme je suis impatient de repartir. Non que ce lieu ne soit pas magnifique, non, non... Mais tous les charmes de ce lieu ne pourront me faire oublier ceux des femmes d'Askiroc ou d'ailleurs... Car ici point de jouvencelle ! On m'avait pourtant raconté mille et unes belles histoires sur la beauté des dirigeantes de ces lieux... Mais le s attraits du combat semblent être plus forts que les miens..."
Il vint s'asseoir sur une chaise à coté de son ami qui restait coi et tendit un gobelet d'argile:
"- Allez verses moi encore un peu de votre magnifique liqueur d'herbes et je t'en rechanterai une petite... Ca au moins je vais le regretter lorsque le temps viendra où je partirai pour réaliser mon Grand projet..."
Il vida son verre d'un coup devant le regard intrigué du prêtre.
"- Tu veux savoir ? A toi je peux le dire. Remplit encore mon verre et approche-toi...."